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LE SACRIFICE RÉDEMPTEUR
jeudi 1er février 2024, par
Les chrétiens considèrent la mort de Jésus comme le sacrifice propitiatoire pour leurs péchés.
Quelques questions soulevées par ce sacrifice :
L’homme appelé Jésus de Nazareth, né à Bethléem il y a un peu plus de deux mille ans, et considéré comme le fondateur du christianisme, est-il le résultat d’un miracle divin ?
Pour certains chrétiens, que Dieu (le Tout-Puissant) ait transféré la vie de son Fils céleste premier-né dans la matrice de Marie, sans recourir à un inséminateur humain, ne fait aucun doute.
Pratiquement, ces chrétiens sont en droit de supposer que Dieu a tout naturellement implanté un ovule fécondé et ne s’est pas servi d’un des ovules de Marie. Pourquoi ? Parce que les ovules de Marie comportaient le “défaut de fabrication” transmettant le processus de dégénérescence et qu’il aurait donc dû, préalablement à la fécondation, “réparer” l’ovule dont il se serait servi et que, tant qu’à faire cette “réparation” ou ce miracle, nous pouvons penser qu’il lui était aussi facile d’en créer un, conjointement au spermatozoïde nécessaire.
Mais pour certains, la balance penchera plutôt vers l’hypothèse où Dieu se servît bel et bien d’un ovule de Marie pour ne pas faire mentir la prophétie annonçant que le Messie serait de la lignée de David. Acceptons l’argument. Auquel cas, nous voilà face à une fécondation miraculeuse que nous qualifierions d’hybride en ce sens que Dieu se serait alors servi d’un ovule imparfait puisqu’issu d’une humaine imparfaite, qu’il aura dû rendre pur, et d’un spermatozoïde pur par essence, ayant été créé directement par lui.
Cette question de savoir comment Dieu s’y est pris pour implanter la vie de son Fils dans le sein d’une mère imparfaite tout en veillant à ce que l’homme qui en naquit fût, lui, parfait, n’est pas abordée en profondeur dans les Écritures. Nous pouvons dès lors nous perdre en conjectures. Du reste, nous apprenons à l’instant que des chercheurs sont parvenus à faire naître des souris en injectant du sperme dans une cellule qui n’était pas un ovule [1] [2], et qu’un autre groupe de chercheurs est arrivé à féconder un ovule sans spermatozoïde [3] [4]. Si de simples mortels sont capables de faire de telles choses, nous ne pouvons douter que Dieu ait pu réaliser un tel miracle, peu importe comment après tout ! L’important étant que l’enfant dont Marie accoucherait fût parfait. Qu’ensuite cet enfant grandisse en sagesse et en connaissance, pour devenir plus tard l’homme qui se ferait baptiser par Jean le Baptiste, sans jamais pécher à quelque moment de sa vie, et, ainsi, pouvoir offrir celle-ci, tel un agneau immaculé, en sacrifice pour nos péchés sur un poteau de supplice, dans la logique du principe “œil pour œil, dent pour dent”, ce qui le fit devenir le dernier Adam [5], autrement dit, le père de toutes les nations.
Par son péché, le premier Adam a perdu la descendance parfaite qu’il aurait pu avoir s’il était resté soumis à Dieu, et cette descendance a été entraînée dans sa chute avec les conséquences que l’on sait ; par son sacrifice, le Christ a rendu possible le rachat de cette descendance, l’Humanité tout entière. C’est pourquoi le Christ Rédempteur est appelé par certains le second Adam, ou le nouvel Adam, ou encore — et ce qualificatif emporte davantage notre adhésion — le dernier [6] Adam. La vie d’un homme parfait en échange de celle d’un homme déchu. Une substitution, en ce qui nous concerne. En effet, nous avons perdu un père charnel — celui dont le sang coule dans nos veines à tous — et gagné un père d’adoption, de substitution, supérieur, incorruptible, qui, comme l’aurait théoriquement dû notre premier père, nous a montré le chemin de la Vérité.
Il y a cependant une étrangeté dans cette monnaie d’échange, qui mérite que nous nous y attardions quelque peu. Était-il prévu que Jésus le nazaréen existât en l’absence du péché originel ? La réponse paraît évidente et sûre : non !
Le Fils de Dieu en personne — la créature suprême —, ayant présidé à la création de toute chose, pouvait-il souhaiter quitter son statut et la compagnie de Dieu le Tout-Puissant pour se retrouver dans la peau d’un homme, fut-il parfait ? Il semble raisonnable de penser que non, que, jamais, il n’aurait abandonné sa place auprès de Dieu dans le but de devenir un homme. Car c’eut été faire peu de cas de l’extraordinaire privilège d’avoir été créé Fils de Dieu, « premier-né de toute création ».
Partant de là, nous pouvons en conclure que le sacrifice rédempteur a été obtenu à partir d’une vie qui n’était pas censée exister à la base. En effet, nous devons admettre que le Fils de Dieu a sacrifié une vie d’homme, de chair et de sang, qu’il n’était pas censé vivre et dont il n’aurait pas voulu en remplacement de celle qu’il avait avant d’être transplanté dans une matrice humaine.
Du point de vue humain, pour que ce sacrifice fût davantage compréhensible, n’eut-il pas été préférable qu’un homme parmi les hommes fût miraculeusement rendu parfait et mourût sans espoir de résurrection terrestre en échange de nos péchés ? Ou, plus logiquement encore, que le Tout-Puissant créât un nouvel homme parfait à partir de la poussière du sol, à la manière dont il s’y prit pour créer le premier homme, et que ce nouvel homme mourût sans espoir de résurrection terrestre en échange de nos péchés, c’est-à-dire en échange du premier Adam ?
En résumé, la vie sacrifiée a fait partie d’un plan qui n’était pas censé être mis en place. Cette vie n’avait d’autre intérêt que de disparaître pour servir de rançon, ce qui devait permettre à Jésus-Christ de se substituer au premier Adam.
En termes de sacrifice, nous pouvons affirmer sans peur de nous tromper que celui du Fils de Dieu se situe également au niveau de son acceptation de quitter temporairement la position qu’il occupait auprès de son Père Tout-Puissant, pour un état transitoire, oui, de s’être abaissé à la condition humaine.
Le principe même du sacrifice n’est-il pas le don compensatoire ? Dans le cas de Jésus, un homme parfait a donné sa vie en rançon — même s’il s’agissait d’une vie à laquelle il ne devait pas tenir énormément en comparaison de sa vie céleste ô combien supérieure de Fils de Dieu — et nous pouvons nous féliciter que le Dieu Tout-Puissant ait pourvu à ce sacrifice.
Oublions à présent le fait que Jésus ait accepté de se laisser frustrer pendant un peu de temps de sa vie céleste afin de devenir un homme destiné à être sacrifié pour la rémission du péché adamique et concentrons-nous uniquement sur le fait que Jésus était bel et bien un homme parfait et, qu’à ce titre, il n’avait pas à subir la loi de la dégénérescence propre à l’imperfection puisqu’il échappait à la condamnation mortelle conséquente au péché. En servant de rançon, Jésus-Christ a effacé la faute d’Adam, ce qui offre la perspective du salut à tous les humains [7].
Parce qu’il était parfait lorsqu’il a pris la décision de désobéir à Dieu, certains chrétiens pensent qu’Adam ne pourra pas bénéficier du sacrifice de la vie humaine de Jésus. Pourtant, la sentence annoncée par Dieu a été exécutée : une fois retenu captif du péché, Adam a vieilli et est mort. Au passage, il a également transmis la mort à sa descendance tout entière, ce qui n’avait pas été annoncé par Dieu ou, du moins, ne ressort pas de la lecture du livre de la Genèse.
Ainsi donc, certains chrétiens tirent argument de ce qu’Adam était parfait et qu’à ce titre c’est délibérément qu’il a plongé l’humanité dans le malheur. (Nous ne parlons pas ici d’Ève car la femme d’Adam a été complètement trompée [8] et que la rançon christique est mise en balance avec Adam seul et non le premier couple [9].) Cependant, est-il raisonnable de voir les choses ainsi ? Pas sûr ! Car Dieu ne savait pas exactement, d’après ces mêmes chrétiens, ce qu’il adviendrait de l’Humanité. À plus forte raison, comment Adam aurait-il pu savoir ce qu’il adviendrait de l’Humanité ?
D’autre part, le salaire du péché, c’est la mort [10]. Adam a donc payé pour sa désobéissance à Dieu. Et pas seulement lui, mais aussi tous ses descendants qui sont morts depuis, c’est-à-dire des milliards d’êtres humains, et, pour certains d’entre eux, dans d’atroces souffrances. Tous, hormis Adam, sont quittes de leurs péchés. Adam, lui, ne le serait pas en raison de ce qu’il était parfait lorsqu’il a pris la décision de désobéir à Dieu. Il faudrait alors en conclure que la mort n’est pas toujours le salaire du péché, oui, en conclure qu’en cas de péché en état de perfection, l’homme doit mourir d’une mort définitive, précipité dans la géhenne. Donc, en conclure que pécher en état de perfection, c’est blasphémer contre l’Esprit Saint [11] (seul péché entraînant la mort éternelle).
Nous viennent à l’esprit ces questions : puisque la mort est le salaire du péché, les morts ont-ils besoin d’être rachetés ? Suivant ce raisonnement, le sacrifice de Jésus ne serait-il pas nécessaire pour les vivants seulement et non pour les morts ? Les morts quant à eux n’attendraient-ils pas tout simplement que Dieu leur rende justice en les ressuscitant tous, puisqu’ils sont quittes de leurs péchés ?
En conclusion, nous voyons bien que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées et qu’une fois de plus — comme toujours à vrai dire parce qu’il s’agit de sa prérogative par excellence —, Dieu nous a imposé sa façon de voir, exactement comme il nous a imposé la vie, pour notre plus grand plaisir à venir.
[1] https://www.francesoir.fr/societe-science-tech/genetique-des-chercheurs-parviennent-faire-naitre-une-souris-sans-utiliser
[2] https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sciences/des-chercheurs-parviennent-a-faire-naitre-des-souris-sans-utiliser-d-ovule_1830415.html
[3] Ces chercheurs ont cultivé des cellules germinales dans un « bain » d’hormones et sont parvenus ainsi à obtenir des spermatides dotés d’une seule paire de chromosomes, aptes à féconder un ovule.
[4] https://www.liberation.fr/societe/1999/02/17/premiere-fecondation-sans-spermatozoide-un-premier-bebe-est-ne-d-une-technique-hasardeuse_265160/
[5] 1 Corinthiens 15:45
[6] Nous préférons ce qualificatif-là car il signifie qu’il ne sera nul besoin d’un autre Sauveur.
[7] 1 Jean 2:2
[8] 1 Timothée 2:14
[9] 1 Corinthiens 15:45
[10] Romains 6:23
[11] Matthieu 12:31-32 | Marc 3:28-30