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LE SILENCE DE DIEU

samedi 11 mai 2024, par Site Owner (human writer)

Le gros problème avec Dieu — et même le colossal problème —, c’est qu’il ne nous parle pas de façon directe.

Les monothéistes vous diront que Dieu n’a pas besoin de communiquer avec nous de façon directe, pas besoin de s’abaisser jusqu’à nous, puisque, pour eux, tout témoigne de son existence et de sa grandeur [1]. Or, si Dieu existe tel que les monothéistes nous le décrivent, il devrait nécessairement communiquer avec chacun d’entre nous au travers d’échanges directs. Oui, avec chacun d’entre les humains, c’est-à-dire jusqu’au dernier et jusqu’au plus réfractaire…

Toutes les religions qui usent et abusent de points de vue anthropomorphiques devraient admettre qu’un père soit censé garder le contact avec ses fils, en toutes circonstances.

Les unes vous diront qu’il est à l’origine de la Bible ou d’une partie de celle-ci, les autres à l’origine du Coran. Et que cela doit nous suffire. Que tout y est dit, clair, merveilleux ! Alors que tout n’y est pas dit, tout n’y est pas clair, tout n’y est pas merveilleux ! Très loin de là !

Nous comprenons qu’il soit tentant pour les hommes d’avoir recours à l’anthropomorphisme, mais y avoir recours les fait généralement tomber dans un piège : celui de rabaisser Dieu à leur niveau plutôt que d’essayer de s’élever vers le sien, ou, du moins, d’essayer de s’en rapprocher un tant soit peu. Nous devrions toujours garder à l’esprit que, si Dieu existe en tant qu’entité personnelle définie, l’Homme a forcément été créé par et à l’image de Dieu et non l’inverse. Garder à l’esprit que l’Homme est dans ce cas une essence dérivée et non l’Essence Première, oui, que l’Homme tire son origine de l’Essence Première, provient d’elle, et non l’inverse. Dès lors, comparer Dieu à l’Homme, c’est aller à contre-courant de la logique la plus élémentaire.

À force, pour les hommes, de mettre Dieu à leur niveau, les exemples sont nombreux dans le récit biblique où les événements relatés vont dans le sens contraire à la logique. L’un des premiers exemples est celui des sacrifices permettant supposément de s’attirer les bonnes grâces de Dieu, autrement dit d’offrir quelque chose à Dieu comme s’il en avait besoin ! Immédiatement, cela met les hommes en concurrence et provoque le premier assassinat de l’histoire de l’humanité, le premier-né d’Adam et Ève tuant leur second fils, son frère Abel !

Outre que verser dans l’anthropomorphisme, c’est toujours verser dans la facilité, toute tendance anthropomorphique nous est suspecte. Car ne confine-t-elle pas, entre autres, à une sorte d’appropriation ? Et là encore, nous ne pouvons que constater que s’approprier Dieu comme le font les religions monothéistes est un contresens, une dénaturation qui mène à notre perte. Toutes les dérives s’y inscrivent, comme celles des peuples élus, supérieurs…

Avec Dieu, ce qui nous gêne beaucoup, c’est que l’on puisse se demander s’il existe réellement, c’est-à-dire ailleurs que dans les cerveaux des partisans de la foi. Et ce qui nous gêne aussi énormément, c’est la prétendue nécessité des médiateurs en tous genres (sachants, imams, prêtres, clergés, sages, etc.), c’est-à-dire de corps intermédiaires toujours prompts à vous donner leur interprétation des Écritures et de vous dire quoi faire et comment penser, en s’attribuant au passage des privilèges…

Sans la foi, il est impossible de croire qu’une Source Éternelle soit la cause de notre apparition sur la Terre. En effet, la logique seule n’y suffit guère. On pourrait aller jusqu’à dire que sans la foi, Dieu ne peut exister. Mais qu’est-ce que la foi, sinon de croire en ce que l’on ne voit pas ? Sinon de croire, aussi, en ce que l’on ne peut prouver ? Et en ce qui nous échappe finalement…

Parce qu’ils avaient la foi, c’est-à-dire la confiance en certaines promesses ou en certaines affirmations, sans attendre d’autres preuves que celles qu’ils voulaient accepter pour argent comptant de la part de personnes qu’ils considéraient comme leur étant supérieures, certains hommes ont commis — par le passé et encore de nous jours hélas — des guerres au nom de la foi, et toute une série d’autres actes abominables. Voilà pourquoi nous nous défions d’elle.

Ceux qui prétendent croire en l’existence de Dieu — qui prétendent donc avoir la foi — et qui, dans le même temps, ne laissent pas Dieu faire lui-même les guerres qu’ils considèrent comme justes nous plongent dans le doute que Dieu puisse exister véritablement, c’est-à-dire exister ailleurs que dans leurs cerveaux méchants. Le fait que la foi soit capable de pousser certains croyants à voir d’autres êtres humains comme s’ils n’en étaient pas et qu’ils puissent ainsi se mettre à les massacrer alimente notre incrédulité, agrandissant toujours plus le gouffre de perplexité qui se trouve sous nos pieds…

La foi incite les croyants à avancer vers une destination aux contours incertains. Croire aveuglément, c’est-à-dire sans voir, c’est prendre le risque de tomber dans un autre piège [2], pareillement pernicieux, que nous désignons sous le nom de piège de la soumission irréfléchie, qui nous fait prendre le risque de ne pas garder à l’esprit de vérifier toutes choses en toutes circonstances.

En se soumettant ainsi, sans beaucoup y réfléchir, en se contentant de faire confiance, en s’en remettant à la prétendue intelligence d’organisations diverses, certains pensent gagner leur ciel, c’est-à-dire l’approbation divine, et se défausser de comportements atroces. Pour nous, ils ne sont pas meilleurs — non, ils sont pires — que les enseignants de l’expérience de Milgram qui pensaient infliger des chocs électriques dangereux à des humains (leurs élèves) sous la tutelle d’une autorité établie (les expérimentateurs).

Ce qui nous interpelle également de la part des religions en général, ce sont leurs rapports à l’argent. Elles amassent des fortunes dont les contributeurs savent rarement avec certitude ce qu’il en advient. Et d’ailleurs nous défions quiconque d’essayer de connaître précisément l’étendue du patrimoine de celles-ci. Faute d’une parfaite et totale transparence, s’immisce en nous un doute à propos de leurs bonnes intentions et de leurs motivations profondes. Notre rapport à l’argent n’est pas tel que nous pensions qu’il faille s’en protéger, voire s’abstenir de l’impliquer dans l’organisation de démarches spirituelles, non, nous savons qu’il a son utilité et peut notamment concourir à la réalisation d’objectifs louables. Ce qui nous déplaît fortement, c’est l’opacité dans un contexte réclamant une parfaite transparence.

En lisant cet article, l’on pourrait trouver notre propos quelque peu décousu. Aussi allons-nous en faire maintenant la synthèse. Après quoi, nous aborderons l’idée selon laquelle il n’est pas si surprenant, au fond, qu’il puisse donner le sentiment d’être décousu.

Dans cet article, nous évoquons le silence de Dieu et prétendons qu’il s’agit d’un véritable problème et même, en fait, du principal problème de l’existence — de la nôtre, dont nous pouvons croire qu’elle n’est pas une illusion, et de celle de Dieu, dont nous ne pouvons qu’espérer qu’elle n’est pas illusoire.

Nous soulignons que les religions monothéistes se sont appropriées Dieu en divisant les hommes. Et que leur façon de toujours rabaisser Dieu par le biais d’un anthropomorphisme forcené discrédite l’hypothèse de l’existence d’un Dieu personnel parfait et omnipotent.

Nous fustigeons le principe des hiérarchies légitimées par le silence de Dieu, et soulevons le fait — bien réel celui-là — que les multiples interprétations auxquelles ce silence donne lieu sont le ferment de toutes dissensions, et en concluons que si Dieu communiquait avec les hommes de façon directe, le pouvoir délétère de ces intermédiaires aux comportements souvent critiquables — et carrément abjects en certains moments de l’Histoire — serait neutralisé, pour le bien des pacifiques.

Enfin, nous relevons un manque de transparence dans la gestion des avoirs matériels, censés servir le dessein divin…

Faire allusion à la problématique des finances pourrait paraître hors du propos abordé, concentré dans le titre du présent article, tout comme l’évocation de notre doute que les religions puissent avoir été instituées par la volonté du Dieu qui serait à l’origine du monde. Mais c’est bien ce manque de cohérence entre l’idée qu’un Dieu puisse réellement exister et l’existence bien réelle des déviances humaines provoquées selon nous par ce doute qui annihile finalement notre croyance en lui.

Nous affirmons en fait que tout ce passe exactement comme si Dieu n’existait pas ou, pour le dire différemment, comme si Dieu existait seulement dans l’imaginaire de certains d’entre les humains plus ou moins malintentionnés à l’égard de leurs frères en humanité et dont les actes sont en contradiction flagrante avec ce qu’ils prétendent croire. Car, en effet, s’ils croyaient vraiment en l’existence d’un Dieu ayant été capable de créer l’univers, ils agiraient autrement.

La foi est au cœur des manipulations et des déviances dont nous déplorons le permanent constat. On pourrait être tenté de le dire autrement. Ainsi par exemple : les manipulations et les déviances en tous genres pervertissent la foi. Mais notre propos s’en trouverait déformé ! Car c’est bien la foi qui pose problème, c’est-à-dire le silence de Dieu.

De manière générale, les sujets abordés sur ce site peuvent paraître difficile à suivre, voire abscons, tant le fil de leur développement peut par moments présenter plusieurs pensées intriquées. Ce constat donne facilement une impression de propos décousus. À notre niveau, hélas, la vie s’offre parcellairement à l’observation et plus encore à la compréhension. Le domaine des croyances religieuses — qui, de notre point de vue, en est la partie la plus importante — est comparable à un extraordinaire salmigondis. De là naît une évidence : l’interpénétration de tous les éléments qui constituent les mondes irréel, préréel et réel. En prenant le parti de la simplification, de la réduction, on s’éloigne de la complexité du monde, on s’éloigne de cette interpénétration qui a rendu possible l’apparition du monde, on s’éloigne de la possibilité de parvenir à comprendre ce monde…


[1Les monothéistes réagissent souvent de manière irrationnelle et vous sortent des “arguments” de ce genre. Ils sont effectivement capables de vous dire que Dieu n’a pas besoin de communiquer avec nous en direct, alors qu’il n’est pas question des besoins de Dieu — besoins qu’il n’a par définition pas — mais bien des nôtres.

[2Un autre piège que celui de rabaisser Dieu au niveau de l’Homme.

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