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DON DE LA VIE
lundi 5 février 2024, par
Selon TLFi, un don correspond à l’action de donner, de céder gratuitement et volontairement la propriété d’une chose.
L’on peut recevoir un don (en être le bénéficiaire) ou le faire (être le donateur).
Si l’on s’en réfère à cette définition classique du mot “don”, nous devons admettre que la vie n’en est pas un. Pourtant, l’on parle assez facilement du “don de la vie” ; cela nous semble naturel car, effectivement, nous recevons la vie gratuitement, sans l’avoir méritée, comme l’on hériterait la fortune d’un oncle d’Amérique…
Dans l’état actuel des choses, la vie s’apparenterait davantage à un prêt particulier, puisqu’elle peut nous être reprise à tout moment.
Si nous précisons que la vie est un don conditionnel, une sorte de contrat comportant une ou plusieurs clauses suspensives, alors, oui, nous tombons d’accord : la vie est un don, mais un don spécial en ce qu’il est conditionnel, contrairement à ce qu’un don normal doit être.
Dans le système de choses actuel, ce don est perçu de bien des manières, et plus ou moins apprécié des donataires. Une partie non négligeable d’entre eux le considèrent d’ailleurs comme un fardeau et non comme une bénédiction. Ces malheureux subissent donc le don de la vie en attendant d’en être délivrés !
Par définition, les bénéficiaires d’un don (sous-entendu inconditionnel puisque c’est la signification de ce mot) reçoivent celui-ci sans contrepartie, faute de quoi il ne s’agirait plus d’un don mais d’un droit (d’un dû). S’agissant du don de la vie, les donataires le reçoivent plus sûrement encore sans contrepartie, puisqu’ils sont dans l’impossibilité de le légitimer. En effet, nul ne peut mériter à l’avance sa venue à l’existence.
Le mérite ne s’acquière qu’au travers de l’expérience. Jamais personne ne pourra se prévaloir a priori d’un quelconque mérite. Selon nous, il est donc impossible de mériter la vie avant de naître.
Avant d’être créé, Adam, le père de toutes les nations, ne méritait pas la vie ; Adam reçut arbitrairement la vie sous forme de don immérité.
Si l’on voulait croire qu’il faut mériter la vie pour la recevoir, l’on pourrait être tenté de le faire sur base du principe de la prédestination et se référer notamment à des passages bibliques du genre de Jérémie 1:5 qui dit : [Dieu parle] « Je te connaissais avant même de t’avoir façonné dans le ventre de ta mère ; je t’ai mis à part pour me servir avant même que tu sois né. Et j’ai fait de toi mon porte-parole auprès des peuples ». Seulement, l’on buterait, entre autres, contre l’argument selon lequel la prédestination semble ne concerner que peu d’individus dans la Bible. Il nous serait opposé également l’argument logique selon lequel, même en considérant que Dieu puisse connaître à l’avance la moindre de nos parties avant notre naissance, cela n’impliquerait aucunement le mérite qui, par nature, ne s’acquiert que grâce aux actes accomplis dans le monde réel. Enfin, il nous serait opposé l’argument massue selon lequel Dieu porterait la responsabilité du mal par le biais de sa préconnaissance du fond des êtres…
Les actes ne peuvent s’accomplir que dans le monde réel. Ils échappent complètement aux mondes irréel et préréel.
NOUS VOUS SUGGÉRONS DE LIRE L’ARTICLE MONDES IRRÉEL, PRÉRÉEL ET RÉEL
S’il fallait mériter la vie pour naître, donc avant de naître — ce que nous ne croyons absolument pas —, nous présupposerions alors que seuls les futurs êtres ayant un bon fond seraient concernés. Car laisser venir dans le monde réel des êtres au mauvais fond reviendrait pour Dieu à avoir décidé que le système de choses actuel soit ce qu’il est, oui, reviendrait à constater en fait que Dieu est d’accord avec ce que traverse l’Humanité, ce qui ne collerait pas avec l’idée d’un Dieu d’amour.
En conclusion, dans le monde réel, le don de la vie n’existe pas ! Il n’existe pas car il n’est pas absolu — il n’est donc pas un don au sens sémantique —, certains actes pouvant nous en faire démériter. Autrement dit, ce “don” est conditionné aux actions des donataires. Il s’agit en fait d’un pseudodon ou prétendu don. Par contre, dans le monde irréel et dans le monde préréel, le don de la vie est véritable car absolu dans son arbitrarité.
Le don de la vie est donc un don immérité aussi longtemps qu’il se situe dans les mondes irréel et préréel, mais qui, une fois dans le monde réel, doit être mérité par ses bénéficiaires pour être conservé par ceux-ci. Du moins doivent-ils s’en montrer dignes, ce qui transforme le don en dû.
Viendra le jour où la vie pourra être considérée en tant que don véritable — ce qu’il n’a jamais été jusqu’à présent puisqu’il a toujours été conditionnel (Genèse 2:17) ; une fois atteinte la Grande Harmonie (que nous appelons aussi Concorde Universelle), la vie pourra vraiment être qualifiée de don, la possibilité de démériter de celle-ci ayant disparu à jamais. Les humains seront alors immortels (c’est-à-dire qu’ils ne seront plus assujettis à la mort [signification de l’adjectif “immortel” du point de vue sémantique]), conformément à ce que l’apôtre Paul annonçait aux Corinthiens [1].
Nous n’aborderons pas ici la question de savoir si l’immortalité humaine sera acquise une fois pour toutes ou si cette immortalité devra être entretenue par un aliment permettant aux humains de rester en vie aussi longtemps que ceux-ci le consommeront [2].