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MONDES IRRÉEL, PRÉRÉEL ET RÉEL
dimanche 4 février 2024, par
Il nous est plus ou moins facile d’appréhender le monde réel, celui de la matière. Il nous est en revanche moins facile d’appréhender les mondes irréel et préréel. Pourtant, ces mondes coexistent.
Par exemple, Jésus a fait allusion au monde préréel quand il a dit qu’un homme qui regarde une femme au point de la désirer a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur [1].
L’homme en question n’aurait peut-être jamais le moindre contact physique avec la femme convoitée, néanmoins, Jésus affirma que cet homme était adultère en raison de son désir — désir qui, par nature, est immatériel et fait donc partie du monde préréel.
Les écrivains recèlent des histoires imaginaires qui appartiennent au monde préréel. Une fois couchées sur le papier, ces histoires sont en quelque sorte transposées d’un endroit à un autre. Si nous voulions être plus précis, nous dirions plutôt qu’une fois couchées sur des supports matériels, ces histoires se mettent à coexister dans le monde préréel de l’imagination des auteurs et dans le monde du réel de la matière (les livres et autres supports digitaux) et aussi dans l’intellect des lecteurs qui vont s’approprier ces histoires en les intériorisant. L’intellect des lecteurs appartient au monde immatériel du préréel en ce sens qu’il n’a aucune matérialité. Il s’apparente en effet à l’état d’où les histoires qui l’ont nourri proviennent, c’est-à-dire de l’imagination (par nature intangible) des auteurs.
Les sentiments, les concepts, l’instinct aussi (mais avec un statut spécial), bref, tout ce qui est assimilable au domaine des idées peut simultanément faire partie du monde préréel et du monde irréel.
Il peut nous arriver de mettre sur un pied d’égalité les qualificatifs “irréel” et “préréel” cependant qu’ils revêtent des significations différentes. Notre motivation à les confondre parfois tient à ce que l’un comme l’autre soulignent l’immatérialité des mondes qu’ils qualifient. Mais il faut assurément observer plus qu’une nuance entre le fait d’être irréel et le fait d’être préréel. En bref, il s’agit essentiellement d’une différence de stade. Le monde irréel comprend tout ce qui existe en puissance (potentialité) tandis que le monde préréel comprend tout ce qui existe déjà dans l’imaginaire et dont les fondements sont en quelque sorte déjà fermement établis, comparablement à la trame d’une intrigue.
Ce qui se trouve dans le monde irréel peut ne jamais en sortir. Auquel cas, Dieu seul sait de quoi il s’agit, Dieu étant à l’origine du monde irréel. En vérité, Dieu est à l’origine de tous les mondes (irréel, préréel et réel).
Ce qui se trouve dans le monde irréel peut également n’en sortir qu’après un certain temps. Dans ce cas, Dieu seul sait ce qui s’y trouve, jusqu’au jour où l’inconnaissance humaine est remplacée par la connaissance humaine.
En fait, tant que ce qui se trouve dans le monde irréel ne passe pas dans le monde préréel, Dieu est le seul à en connaître la potentielle existence avec précision. Ou, pour le dire autrement, Dieu est le seul à en connaître la potentielle existence aussi clairement que s’il s’agissait d’une réalité tangible.
Un peu plus tôt, nous avons évoqué l’instinct. L’instinct appartient au monde irréel et pourrait n’être connu que de Dieu – et d’ailleurs il n’est véritablement connu avec certitude et exactitude que de Dieu. Mais l’instinct a ceci de particulier que, par l’observation (du passé notamment) et l’analyse a posteriori, nous pouvons postuler qu’il sera tel ou tel en certaines circonstances. En d’autres mots, grâce à l’intelligence, nous sommes en mesure, sur base du monde préréel (en faisant intervenir notre intelligence observationnelle notamment), de formuler des hypothèses relatives à des situations susceptibles d’arriver dans le monde réel.
Nous devons constater d’autre part que l’instinct se trouve à la lisière du monde préréel. Ne nous arrive-t-il pas de ressentir confusément que notre instinct essaie de nous dire quelque chose ? Sans parvenir, jamais, à savoir précisément quoi cependant…
L’instinct demeure dès lors dans le monde irréel (avec, parfois, de timides incursions dans le monde préréel), car les meilleures hypothèses restent incertaines, les meilleures prévisions possiblement fausses… Le doute subsiste !
NOUS VOUS SUGGÉRONS DE LIRE L’ARTICLE LE DOUTE
L’intérêt de ne pas ignorer que ces trois mondes coexistent — l’irréel, le préréel et le réel —, est, entre autres, d’apprendre à se défier des apparences. Même le monde réel — celui qui est le moins difficilement appréhendable — peut se soustraire à notre compréhension, nous cacher bien des choses, nous réserver bien des surprises…
Un autre intérêt qu’il y a à connaître la coexistence de ces trois mondes, c’est d’essayer d’en découvrir les relations et autres incidences l’un avec l’autre. Car ces mondes coexistants s’influencent l’un l’autre en permanence. Nous ne pouvons l’ignorer. Non, nous ne pouvons l’ignorer sous peine d’avoir à en subir les conséquences. Toutes les conséquences ne sont pas forcément fâcheuses, certes, mais l’Histoire et notre propre expérience nous montrent qu’un homme averti en vaut deux !
Enfin, savoir que les mondes irréel et préréel existent nous ouvre les portes du divin, de l’invisible, du non tangible et de l’intangible, permet de nous dépasser sans nous borner aux évidences… Cela complexifie considérablement les choses, certes, mais sommes-nous là pour simplifier ce que nous ne parvenons pas à comprendre ou pour comprendre ce que nous ne parvenons pas à simplifier ?
NOUS VOUS SUGGÉRONS DE LIRE L’ARTICLE COMPLEXIFICATION, COMPLICATION, SIMPLIFICATION
Avant de se réaliser, les prophéties font partie du monde préréel.
Les prophéties de l’apôtre Jean se trouvent dans le monde préréel.
Avant d’être révélées, les prophéties font partie du monde irréel, connu de Dieu seul.
[1] Matthieu 5:28