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L’APPRENTISSAGE CONTRIBUE-T-IL VÉRITABLEMENT AU PLAISIR DE LA CONNAISSANCE ?
vendredi 29 août 2025, par
Disons-le sans détours, nous ne considérons pas que l’apprentissage contribue véritablement au plaisir de la connaissance. Certes, il demeure requis, et l’homme ne peut s’en exempter jusqu’à présent, même si l’on voit poindre diverses technologies prometteuses dans de nombreux domaines, dont ceux de l’apprentissage et de la mémoire.
Pour nous, ce qui procure authentiquement du plaisir, c’est la maîtrise de la connaissance, même si l’étape intermédiaire et encore nécessaire que constitue l’apprentissage (souvent laborieux) peut offrir certaines satisfactions [1]. Nous jugeons donc l’apprentissage pour ce qu’il est à nos yeux : un passage obligé, une contrainte, voire un mal nécessaire, qui pourrait bien disparaître dans le futur technologique qui se profile.
Ce n’est donc pas cette étape qu’est l’apprentissage d’une discipline encore incontournable à ce jour qui nous réjouit fondamentalement. Non, c’est l’exploitation par la suite de la connaissance qui en résulte qui constitue, selon nous, la véritable source de satisfaction.
Dispensés de cette nécessité, toute notre attention se porterait sur l’exploitation des connaissances : entre autres, la recherche scientifique, la créativité artistique, la gestion des politiques d’utilité publique auxquelles ces connaissances donneraient accès.
Entendons-nous bien : loin de nous l’idée de vous imposer notre point de vue ! En effet, si vous appréciez les difficultés liées à l’apprentissage des connaissances, libre à vous de ne pas accéder aux avancées technologiques qui vous permettraient de les atténuer ou de les supprimer complètement.
Poussons le bouchon plus loin : si, pour vous, les difficultés liées à l’apprentissage des connaissances participent au plaisir de leur maîtrise, il est possible d’augmenter ce plaisir en augmentant les difficultés.
Vous l’avez compris, pour nous, l’apprentissage n’est pas une source de plaisir en soi, mais plutôt une contrainte nécessaire pour accéder à ce qui est véritablement gratifiant : la maîtrise et l’exploitation des connaissances. Et nous gageons que, dans un avenir technologique proche, l’apprentissage pourrait devenir obsolète, libérant l’humanité pour se concentrer sur des activités considérablement plus enrichissantes (recherche, créativité, gestion politique, etc.).
Notre vision de la connaissance est résolument utilitariste : la valeur de l’apprentissage réside avant tout dans son utilité (accéder à la maîtrise des connaissances), et non dans le processus lui-même. Ce qui s’oppose frontalement à des visions plus humanistes ou pédagogiques, où l’apprentissage est considéré comme une fin en soi, une activité intrinsèquement enrichissante (par exemple, chez Montaigne ou Rousseau). Une nouvelle fois, entendons-nous bien : il n’est pas question de supprimer radicalement, à terme, tout système éducatif. Certes, l’école doit être repensée pour s’adapter aux progrès technologiques, mais elle restera probablement utile, même dans un avenir lointain. Et c’est souhaitable car l’homme est un être social qui a besoin d’interaction avec ses semblables [2].
Notre approche se veut ni imposée ni uniforme. Elle est égalitaire par les opportunités qu’elle offre à tous, sans aucune distinction ni imposition. Chacun reste libre d’emprunter le chemin qui lui convient : qu’il s’agisse de l’apprentissage traditionnel ou de l’accès direct à la connaissance. L’important est que le choix soit possible, et que personne ne soit exclu des avancées technologiques [3].
Nous assumons de minimiser le plaisir lié à l’apprentissage, même quand certaines théories (comme la psychologie de l’autodétermination) montrent que l’apprentissage peut être intrinsèquement motivant s’il est autonome, lié à des centres d’intérêt, ou socialement intégré.
Exemple : Un enfant qui apprend à jouer d’un instrument de musique par passion éprouve du plaisir dans le processus lui-même.
Mais nous n’insisterons sans doute jamais assez : cette minimisation du plaisir lié à l’apprentissage nous concerne au premier chef et nous n’entendons pas imposer notre position à autrui. Aussi nous faut-il le redire avec force : libre à celles et ceux qui le voudraient de continuer d’en passer par l’apprentissage de leur(s) discipline(s). Il n’est absolument pas question pour nous de les empêcher d’atteindre, à force d’efforts et de persévérance, le graal de la maîtrise. Si celle-ci a plus de prix à leurs yeux parce qu’elle a été obtenue à grand peine, pourquoi pas ! Mais si nous leur concédons cet avantage, qu’ils nous concèdent le nôtre : de pouvoir disposer des connaissances sans le labeur de leur acquisition, et de pouvoir ainsi, au plus vite, en tirer parti.
Il est à présent un point important qu’il nous faut aborder : le fait de disposer de la connaissance sans avoir dû l’intégrer dans notre cerveau par le biais de son apprentissage n’implique nullement sa non-intériorisation. De plus, savoir sans avoir dû expérimenter n’annule pas intégralement l’expérimentation. En effet, savoir que telle et telle matières sont incompatibles, dans le cadre d’une création artistique par exemple, n’empêche pas de faire d’autres expériences non recensées. Pour le dire autrement, nous pourrions aller plus loin, sans devoir en repasser par l’expérimentation d’expériences déjà dûment documentées. Loin d’annihiler l’expérience, notre vision propose au contraire de faire avancer l’expérimentation pour aller toujours plus loin.
En résumé, en prônant un changement de paradigme, où l’acquisition de la connaissance serait facilitée par la technologie, permettant à l’humanité de se concentrer sur l’application créative et stratégique de cette connaissance, nous proposons une vision futuriste de l’apprentissage.
[1] Au nombre desquelles
- La satisfaction du défi relevé
- L’exaltation du succès mérité
- L’euphorie de la réussite chèrement acquise
[2] « Le fer aiguise le fer » (Proverbes 27:17)
[3] Notre philosophie se définit par deux caractéristiques principales :
– Non totalitaire : Elle rejette l’idée d’imposer un système uniforme ou contraignant. Cela suggère une approche qui respecte la liberté individuelle et évite la coercition.
– Facultativement égalitaire : C’est la partie la plus intéressante de notre formulation. L’égalité n’est pas imposée comme principe absolu, mais offerte comme possibilité. Cela signifie que :
- Les mêmes opportunités sont disponibles pour tous
- Personne n’est forcé de les saisir de la même manière
- Il n’y a pas de discrimination dans l’accès, mais pas non plus d’obligation de résultat identique
Le fait que nous ayons précisé « sans aucune distinction ni imposition » renforce cette idée : pas de traitement différentiel basé sur des critères arbitraires, mais aussi pas de contrainte à atteindre un état particulier. En essence, cette philosophie veut concilier liberté et équité : créer un cadre où chacun peut accéder aux mêmes possibilités, tout en gardant la liberté des choix personnels. C’est une vision qui privilégie l’égalité des chances plutôt que l’égalité des résultats.