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L’idée que je me fais du Dieu Tout-Puissant de la Bible

samedi 3 juillet 2021, par Spart (human writer)

Un ami me demanda un jour l’idée que je me faisais du Dieu Tout-Puissant de la Bible. Il voulait savoir comment, moi, je “voyais” Dieu. (Préalablement à cette demande, il m’avait communiqué sa façon de “voir” Dieu.) Voici la réponse que je lui fis :

Que Dieu ait créé l’homme à son image, c’est la Bible qui l’affirme et il ne s’agit pas là d’anthropomorphisme mais au contraire d’anti-anthropomorphisme  [1] ! En effet, ce n’est pas Dieu qui a été créé à l’image de l’homme (anthropomorphisme) mais bien l’homme qui a été créé à l’image de Dieu (anti-anthropomorphisme).

Malheureusement pour nous, suite à un changement de cap radical, nous avons été coupés de Dieu (même si, Lui, ne s’est pas détourné de l’Humanité et s’est en quelque sorte préoccupé de la suite qu’il entendait donner à la situation) et, aujourd’hui, il me semble que nous ne pouvons plus dire que nous sommes toujours, nous qui avons hérité du péché, créés à l’image de Dieu, c’est-à-dire procréés à l’image de Dieu.

(J’aurais pu guillemeter le verbe préoccuper car sa signification me semble par trop correspondre à une attitude humaine, sauf dans sa forme pronominale qui pourrait effectivement être adaptée à Dieu [puisque se préoccuper signifie s’occuper de quelqu’un ou de quelque chose en y attachant un vif intérêt, une attention particulière]. Mais comme je ne suis pas en train d’écrire une thèse mais simplement d’essayer de te répondre, je m’en tiendrai à cette petite remarque qui, je te le concède, coupe les cheveux en quatre. Si tu le souhaites, je m’étendrai à l’occasion sur ma façon de comprendre comment Dieu s’est préoccupé des humains après le péché d’Adam et Ève.)

Je n’abomine donc pas l’idée selon laquelle l’homme originel fut créé à l’image de Dieu. Ce que j’abomine en revanche, c’est la fâcheuse habitude qu’ont certains à toujours vouloir prendre l’homme en exemple pour expliquer ce que Dieu pense…

Ta demande d’ « […] explication aussi claire et aussi précise que possible de l’idée que [je me] fais de [Dieu] » est difficile à satisfaire, pour ne pas dire impossible. Cependant, je vais tout de même tenter d’y répondre. Mais il ne s’agira pas d’y répondre de manière exhaustive… Quand nous parlons de Dieu, ne le faisons-nous pas toujours incomplètement et approximativement ?

La Bible aurait été rédigée par des rédacteurs inspirés par Dieu. Comment le savons-nous ? Entre autres, parce que certains de ces rédacteurs l’affirment.

Dans ses pages, Dieu est parfois présenté avec des caractéristiques humaines. Bien sûr, il est toujours question d’attributs spirituels puisque Dieu est esprit. Et quand la Bible parle des yeux de Dieu ou de son bras par exemple, nous comprenons évidemment qu’il s’agit de passages anthropomorphes acceptables car s’il n’a ni d’yeux ni de bras faits de chair et de sang, Dieu a par contre la capacité de voir et d’agir, et ce dit en passant, de manière hautement supérieure à celle des hommes.

Prenons un autre exemple : quand il est dit de Lui qu’il est lent à la colère, cela signifie-t-il que Dieu peut ressentir de la colère comme il peut arriver aux hommes d’en ressentir ? Je ne le crois pas ! D’abord, cette affirmation selon laquelle Dieu serait lent à laisser s’exprimer sa colère fait intervenir une notion de temps, or Dieu échappe au temps. Dieu est hors du temps. Ensuite, quand les hommes imparfaits font quelque chose sous le coup de la colère, on sait ce que ça peut donner…

Colère (humaine) : Vive émotion […] se traduisant par une violente réaction physique et psychique [2] Ou : État affectif violent et passager, résultant du sentiment d’une agression, d’un désagrément, traduisant un vif mécontentement et accompagné de réactions brutales [3].

Nous sommes donc en présence de deux colères qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. D’un côté, il y a Dieu, avec son omnipotence, et de l’autre, les hommes, avec leur finitude, leurs dépendances, leur impuissance…

Pour Dieu, exprimer de la colère reviendra à réparer des injustices sans générer de dommages collatéraux, quand pour l’homme, exprimer de la colère reviendra bien souvent à répondre exagérément à une offense.

Nous voyons de nouveau toute l’importance de ne pas rabaisser Dieu en le comparant à l’homme (anthropomorphisme). Dieu est diamétralement opposé à l’homme depuis que le premier couple d’humains a pris la décision de décréter par lui-même ce qui est bien et ce qui est mal.

Dieu, être spirituel ? Il me paraît probable, pour ne pas dire certain, que le Dieu créateur de toutes choses soit immatériel. Dans le même temps, Exode 33:20 laisse entendre que Dieu serait visible, mais au péril de la vie des hommes. Aussi pourrions-nous être amenés à nous demander si Dieu est exclusivement spirituel…

Dieu a-t-il une personnalité ? Si l’on peut dire qu’il a une personnalité en se référant à la définition qui est faite du mot “personnalité”, il m’apparaît délicat de vouloir personnaliser Dieu dès lors que ce ne sont pas ses qualités qui le font mais l’inverse ! En effet, ce ne sont pas les attributs de Dieu qui font de Dieu Dieu, c’est Dieu qui fait ses attributs. Quand l’homme travaille à développer des qualités et à annihiler des défauts, l’homme acquiert une personnalité. En aucun cas, Dieu n’acquiert quoi que ce soit. Dieu donne ! Toujours ! Alors, si l’on veut absolument que Dieu ait une personnalité, nous devrons admettre une fois de plus que l’homme et Dieu sont diamétralement opposés, que la personnalité de Dieu est incomparable à celle des hommes, que l’on parle en réalité de deux types de personnalité différents.

Dieu a-t-il des sentiments ? La réponse semble devoir être oui. C’est la réponse la plus facile, si j’ose dire. Je pense pouvoir dire néanmoins que Dieu n’a pas de sentiments.

Je dois expliquer cette réponse. Dieu est comme tu le dis une entité (dans le sens où Dieu est une “chose” réelle, existante mais représentable uniquement par un concept* dans ce cas-ci). À partir du moment où nous acceptons l’idée (incompréhensible pour l’Homme) que Dieu n’a pas de commencement, on est obligé d’accepter l’idée qu’il n’a besoin de rien. Serait-il en effet raisonnable d’imaginer que Dieu ait besoin de quoi que ce soit, comme s’il pouvait le recevoir ? Dieu ne reçoit rien ; Dieu donne tout. C’est de plus haut que l’on reçoit, or Dieu n’a personne au-dessus de lui.

*Tu sembles d’accord avec ce concept d’entité difficile à comprendre. C’est du moins l’impression que j’éprouve quand je lis ce que tu m’as écrit : « je dois toujours faire des efforts pour m’imaginer ce que cela signifie en réalité ».

En fait, je dirais plutôt que Dieu est — du verbe être — des sentiments, quand les hommes ont — du verbe avoir — des sentiments. Dieu est en effet l’essence même de tout ce qui se compte de sentiments nobles. Mais il ne les a pas développer ni ne les a acquis, pas plus qu’ils ne peuvent être innés chez Lui.

À partir du moment où l’être humain que je suis accepte de croire en l’existence de Dieu et de le considérer comme la source de la sienne, il n’a d’autre choix que de croire en la toute-puissance de cet Être Suprême. Je te rejoins donc quand tu dis que Dieu « est une entité […] possédant, utilisant et maîtrisant un stock d’énergie lui permettant d’agir ».

Quant à dialoguer avec Lui comme il fut offert à Adam et à Ève de le faire, je pense que cela ne sera de nouveau possible aux hommes qu’une fois pleinement recouvrée leur perfection.

Tu as raison, il « est difficile de trouver une explication raisonnable, logique et simple à une situation aussi ambiguë » ! Je ne suis pas loin de croire que c’est même carrément impossible !

Fondamentalement, je pense que les hommes ont besoin de Dieu en raison de leur finitude — contrairement à Dieu qui, Lui, n’a absolument pas besoin d’eux —, je pense que les hommes ont besoin de se rassurer ou d’être rassurés (Jean 6:68). Je suis un homme, je n’échappe guère à ce besoin. Je veux vivre infiniment, sans jamais connaître le shéol si possible, et encore moins — bien sûr ! — la géhenne.

Serais-je parvenu cette fois à te faire comprendre une partie* de ma façon de “voir” Dieu ?

*Je réfléchis fréquemment à ces questions soulevées par la vie, le futur, l’Humanité, Dieu. Nombreuses sont hélas les questions qui restent sans réponse, nombreuses les frustrations…


[1Nous avions eu plusieurs discussions au sujet de l’anthropomorphisme dans lequel les croyants ont tendance à verser sans cesse et cet ami savait que cela me dérangeait.

[2TLFi, définition du mot colère

[3Larousse, définition du mot colère

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