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Les autorités supérieures
vendredi 3 novembre 2023, par
Face à la société, aux pensées dominantes — celles de l’air du temps —, à la bien-pensance, à tout ce qui nous est vendu comme faisant partie du progrès, la voie à suivre, il n’est pas toujours facile de résister à l’esprit du monde (1 Jean 2:15-17). Et face aux pouvoirs publics qui sont les gardiens de ce monde, notamment au travers d’appareils répressifs et judiciaires, c’est, bien souvent, davantage notre impuissance individuelle qui nous incite à nous laisser diriger par les “autorités supérieures” dont parle la Bible, au point de leur obéir parfois aveuglément, plutôt que notre volonté personnelle. En effet, par crainte de la punition — punition à laquelle nous ne pouvons échapper en raison de notre impuissance individuelle justement —, nous acceptons généralement de faire taire en nous le sentiment d’injustice qui naît de certaines des décisions que ces “autorités supérieures” nous imposent.
Du reste, il ne faut pas remonter loin dans l’Histoire pour se rappeler que, quand il s’est agi pour les peuples européens de se faire la guerre, les hommes qui ont servi de chair à canon n’ont pas eu grand chose à dire, cependant qu’à titre individuel nombre d’entre eux auraient préféré ne pas y participer… Ces hommes n’avaient pas le choix : ils ont dû obéir aux “autorités supérieures”, parfois sous peine de mort immédiate !
Dans la Bible, c’est l’apôtre Paul qui nous enjoint de nous soumettre aux “autorités supérieures” qui seraient selon lui instituées par Dieu en personne ! Lire la lettre aux Romains, chapitre 13, versets 1 à 7.
De son côté, l’apôtre Jean soutient que le monde entier est sous la puissance non pas de Dieu mais du malin (1 Jean 5:19). Ce que l’évangéliste Luc confirme quand il rapporte l’échange que Jésus-Christ a eu avec le diable, pendant son jeûne de quarante jours dans le désert, dans lequel échange le diable affirme avoir reçu le pouvoir et la gloire des royaumes du monde sans que Jésus ne le contredise (Luc 4:6).
Actes 5:29 met de l’ordre dans cette dichotomie. En effet, il y est dit qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, ce qui signifie qu’il faut se soumettre aux “autorités supérieures” tant que celles-ci ne vont pas à l’encontre de Dieu. En revanche, nous pouvons nous soustraire aux ordres des “autorités supérieures” quand ces ordres défient l’autorité divine. Non seulement nous pouvons désobéir à ces autorités, mais avons en fait l’obligation de le faire quand celles-ci contreviennent aux commandements divins. Il y a donc une hiérarchie des soumissions : obéir prioritairement aux commandements divins et, si celles-ci ne sont pas en opposition avec ces commandements primautaires, obéir aux lois des gouvernements humains (code de la route, code civil, code pénal, code des impôts) et autres directives des dirigeants appartenant au système de choses actuel qui est sur le point de passer, oui, de disparaître à jamais.
Bon, qu’il ne faille se soumettre aux “autorités supérieures” qu’aussi longtemps que leurs lois sont acceptables par Dieu, sinon conformes à sa volonté, c’est une conclusion logique, une déduction qui n’est pas exprimée noir sur blanc. Raison pour laquelle nous parlons de dichotomie. En effet, à la seule lecture des paroles de l’apôtre Paul, rien ne nous permet de supposer que nous puissions nous soustraire à la soumission aux “autorités supérieures”. Si l’apôtre Paul avait émis une clause suspensive, je ne parlerais pas ainsi. Mais il n’a émis aucune réserve et c’est à la lumière d’autres passages bibliques dissonants — ou dichotomiques — que nous sommes éclairés et que nous comprenons l’importance de ne pas obéir aux “autorités supérieures” en toutes circonstances !
Il peut paraître étrange que ces “autorités supérieures” qui appartiennent au monde satanique en voie de disparition aient promulgué de bonnes lois et veiller à ce qu’elles soient appliquées dans notre intérêt à tous, cela en accord avec l’affirmation selon laquelle ces “autorités supérieures” ont été instituées par Dieu. Pourtant, il est indéniable que c’est le cas. Je pense à certaines lois qui régissent la vie en société, qui protègent parfois les plus faibles, et à diverses infrastructures concrètes, sans lesquelles il serait encore plus difficile de vivre en société. Dans le même temps, il est indéniable également que ces “autorités supérieures” ont été à la base de toutes les décisions qui ont fait souffrir l’Humanité. Je pense aux guerres notamment. Ces “autorités supérieures” n’ont pas changé : elles n’aimaient pas les humains par le passé — ce qu’elles démontrèrent en envoyant par millions des hommes se faire massacrer — et ne les aiment pas davantage aujourd’hui. Ces “autorités supérieures” ne font pas le bien, fondamentalement, elles font plutôt le mal, mais pour parvenir à atteindre leurs objectifs inavouables, leur plan secret, il leur faut en passer par l’alibi du bien commun.
Ce qui peut paraître plus étrange encore, c’est que l’apôtre Paul nous enjoigne dans le premier verset du treizième chapitre de son épître aux Romains de nous soumettre sans la moindre retenue ni le moindre sens critique à ces “autorités supérieures” au motif qu’elles existent avec la permission de Dieu qui les a placées dans leurs positions. L’apôtre Paul développe ensuite un raisonnement selon lequel ces “autorités supérieures” font partie de l’ordre établi par Dieu et que, si nous nous opposons à elles, nous résistons en réalité à Dieu lui-même. L’apôtre Paul précise encore que nous n’avons rien à craindre de ces “autorités supérieures” car elles servent Dieu pour notre bien (Romains 13:4).
Quand on analyse les avantages que nous procurent les “autorités supérieures”, nous réalisons qu’elles le font toujours contre un tribut, toujours plus excessif qui plus est. Cette disproportion explique d’ailleurs le sentiment d’injustice qui se dégage de cette contrainte imposée par ces autorités. Mais qu’à cela ne tienne, l’apôtre Paul ne voulait pas entrer dans ce débat qu’il estimait avec raison appartenir au “système de choses actuel”, c’est-à-dire à un système cherchant par tous les moyens à nous éloigner des buts à poursuivre, et dont les “autorités supérieures” font partie intégrante comme je l’ai déjà dit, oui, dont ces autorités, sans en être la tête, se situent à la tête pour le commun des mortels, c’est-à-dire au-dessus du commun des mortels. Car ne nous y trompons pas : les “autorités supérieures” dont parle l’apôtre Paul ne sont pas la tête du présent système de choses ; celui qui est la tête du présent système de choses, c’est “le prince de ce monde” (Jean 12:31), et ses suppôts célestes et terrestres qui, tous, ont péché contre l’Esprit Saint.
Il est fondamental de comprendre l’état d’esprit de l’apôtre Paul pour comprendre pourquoi il ordonne aux disciples de Jésus-Christ de se soumettre entièrement aux “autorités supérieures”. Pour lui, les chrétiens doivent avoir constamment les yeux rivés sur le futur qui sera régi tout entier par le Royaume de Dieu ; viendra le jour où les “autorités supérieures” seront remplacées par ce Royaume et ses lois divines. Tout le reste est secondaire et doit être considéré comme un mal nécessaire. Aurait-il exhorté les chrétiens à se soumettre sans réserves aux “autorités supérieures” s’il avait connu à l’avance le sort qu’elles lui réservaient ? C’est probable, car pour lui, seul comptait l’objectif final : l’approbation divine (1 Corinthiens 9:27) !
Il n’empêche que nous savons que notre obéissance aux “autorités supérieures” doit être relative et ne jamais empiéter sur notre piété ni notre bonne conscience. Qu’il faille faire passer les commandements de Dieu avant les commandements des “autorités supérieures” paraît tomber sous le sens. Qu’il faille faire passer notre bonne conscience — élément éminemment subjectif — avant les commandements de ces “autorités supérieures” pourrait paraître discutable en revanche. Or, notre piété et notre bonne conscience vont de pair. Les passages suivants attestent de l’importance pour les chrétiens d’avoir une bonne conscience : 1 Pierre 3:16, 1 Pierre 3:21, 1 Timothée 1:5, 1 Timothée 1:19. De nombreux autres passages bibliques soulignent l’importance pour les chrétiens de se garder d’une mauvaise conscience.
Comment pourrions-nous avoir une bonne conscience sans rester attachés à Dieu ? Ou comment pourrions-nous rester attachés à Dieu tout en ayant une mauvaise conscience ? Nous le comprenons : la piété est intimement liée à une bonne conscience, et inversement. D’ailleurs, notre bonne conscience découle des bonnes relations que nous entretenons avec Dieu, oui, découle de notre piété, en est la résultante. Ce lien étroit qui existe entre la piété du croyant — constituée d’éléments objectifs —, et sa bonne conscience — subjective, elle — met en balance sa soumission conditionnelle et sa possible insoumission tout aussi conditionnelle aux “autorités supérieures”. Alors comment ne pas les opposer ? Oui, comment pour le chrétien ne pas faire s’affronter sa piété avec sa bonne conscience ? Il s’agit d’une question importante ! Capitale même ! Car ne pas y parvenir revient pour le chrétien à se désassembler, à semer en lui le désordre, la confusion, le trouble, l’incohérence, autant de fissures capables d’entraîner sa chute !
Garder une bonne conscience est donc primordial pour le chrétien. Et qu’est-ce qu’une bonne conscience, si ce n’est d’être dans le sentiment que procure le fait d’avoir agi conformément aux préceptes que l’on tient pour divins, si ce n’est de se sentir en phase avec ses croyances, si ce n’est d’agir en fonction de ses opinions, voire ses impressions, et ce, même si celles-ci sont fausses du point de vue de certains ? Nous touchons là un point essentiel : l’important est de garder une bonne conscience en toutes circonstances et quel qu’en soit le prix. En effet, quitte à se tromper en toute honnêteté et sincérité, le croyant doit impérieusement garder une bonne conscience ! D’où la nécessité d’être instruit des justes principes et d’en comprendre les implications. Mais ne négligeons pas pour autant notre intuition. Dans de nombreuses circonstances, si nous savons écouter cette petite voix intérieure qu’est notre intuition, nous prendrons les décisions qui s’imposent et notre conscience restera bonne. Et que dire de notre instinct ? Comme notre intuition, sachons le laisser conforter le chemin de notre vérité.
Lire cet article intéressant à propos de l’instinct et de l’intuition : différence entre instinct et intuition
Depuis des décennies, les “autorités supérieures” détricotent les mailles du tissu social, rabotent toujours plus les acquis sociaux. Ainsi, le fossé entre les riches et les pauvres se creuse sans cesse, comme en atteste le mécontentement généralisé dans certaines couches sociales. Pour répondre à ce mécontentement qui, nous le voyons, enfle de mois en mois ces derniers temps et va se transformer en actes de plus en plus violents, les “autorités supérieures” déplacent des budgets qui devraient normalement être destinés aux soins de santé (et à l’augmentation des lits d’hôpitaux notamment) vers une augmentation du nombre de policiers et de moyens répressifs. Tout cela sent mauvais ! Néanmoins, le chrétien doit se garder des pensées du monde qui est sur le point de disparaître, c’est-à-dire ne prendre part à aucun combat de ce monde, tout en parvenant à mettre en exergue la vraie nature des pensées propres à ce monde et à les condamner ouvertement (Éphésiens 5:10-11), ce qui confère une certaine ambivalence à l’attitude qu’il doit adopter, car combattre un ennemi, c’est prendre indirectement part au combat de cet ennemi, c’est-à-dire ne pas rester neutre, et, donc, faire d’une certaine façon partie du système de choses moribond.