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FINITUDE
lundi 9 octobre 2023, par
Que se passe-t-il dans la tête des hommes — de beaucoup d’hommes, sans doute, mais pas de tous — face à la mort ? (Vous devez comprendre que nous parlons des humains des deux sexes, même si les femmes semblent parfois moins “travaillées” par l’idée de mourir.)
On entend souvent que nous sommes tous égaux face à la mort. Nous ne partageons pas cette idée fort répandue, sinon uniquement dans le sens où, effectivement, nul n’y échappe. Mais pour y avoir souvent réfléchi, au travers de méditations, de discussions, d’observations, de lectures, nous trouvons que tout le monde ne réagit pas de la même manière face à sa propre mort, prochaine et inéluctable. Beaucoup de personnes semblent accepter de mourir, parce qu’il s’agit selon elles d’une fatalité, quand d’autres ne l’acceptent pas, mais s’y résolvent, pour la même raison. D’autres encore y aspirent, étonnamment. Enfin, étonnamment, pas toujours ! Nous avons rencontré des personnes âgées croyant généralement en Dieu qui y aspiraient parce qu’elles y voyaient la perspective de leur salut et qu’elles étaient lasses de leur vie sur la Terre. Nous avons aussi rencontré des personnes — à tendance dépressive il est vrai — qui semblaient ne pas avoir pris goût à la vie et que la perspective de la mort rendait indifférentes. Nous avons constaté par ailleurs que l’âge des personnes avait souvent une grande importance ; l’insouciance de la jeunesse met un voile sur l’anéantissante issue vers laquelle, tous, nous nous dirigeons, tandis qu’à l’approche de cette issue, nous avons, pour la plupart, une plus grande prise de conscience du futur achèvement de notre vie. C’est ainsi, d’ailleurs, que de nombreuses personnes, passé un certain âge, mettent de l’ordre dans leur vie (testament, legs, nettoyage par le vide, lettres d’excuses, rapprochements familiaux et amicaux, ventes d’objets, etc.) et se mettent à faire certains voyages qu’elles ont toujours voulu faire par exemple.
Considérons plus en détail l’évolution de la naissance à la mort.
Nota bene : nous nous limiterons à huit âges et conviendrons que nous présenterons des constats de généralité s’inscrivant dans des cadres de vie, sinon idéals, courants. De plus, nous serons d’accord sur le fait que s’interpénètrent ces huit âges ou stades de la vie.
Premier âge (0 à ± 4 ans) [1]
Enfance (de ± 5 à 11 ans)
Adolescence (de ± 12 à 17 ans)
Postadolescence (de ± 18 à 25 ans)
Maturité ou âge adulte jeune (de ± 26 à 44 ans)
Début de vieillesse ou âge adulte mi-vieux (de ± 45 à 65 ans)
Vieillesse (de ± 66 à 90 ans)
Sénescence rendant tributaire (au-delà de 90 ans)
1. Le premier âge
Nous sortons du ventre de notre mère, expulsés ou extirpés, dans une sorte de violence, contraints à tout le moins de quitter ce corps bienveillant, protecteur, qui était l’antichambre du monde extérieur. Une fois arrachés du ventre chaud et rassurant de notre mère, commence un parcours dont nous ignorons encore pratiquement tout, et qui s’impose à nous sans que nous ayons notre mot à dire. D’ailleurs, ce mot, nous serions bien incapables de le prononcer le jour de notre naissance. Il nous faudra en moyenne une dizaine de mois avant de prononcer intelligiblement nos premiers mots… Dès notre naissance, tout, absolument tout, nous sera imposé : les vêtements que nous porterons, le lit dans lequel nous dormirons, la ou les langues que nous apprendrons, la nourriture que nous mangerons, la musique que nous entendrons, l’affection que nous recevrons (ou son contraire), les traitements vaccinaux, et cætera… et cætera.
Dans un cadre de vie idéal, l’évolution du jeune enfant est promise à un bel avenir, et tout se passe alors pour le mieux pour lui. À ce stade, le jeune enfant ne prend pas encore conscience de la mort ni de l’état du monde dans lequel ses parents l’ont forcé à venir. C’est ce que nous appelons la “période éponge” de la vie, c’est-à-dire le stade pendant lequel nous absorbons les connaissances élémentaires, indispensables à notre évolution. Est-il nécessaire de préciser que pendant cette période notre environnement s’impose à nous de façon totale durant les premiers mois, puisque nous sommes incapables de nous mouvoir en dehors de gesticulations propres aux nouveaux-nés ? Sans concours extérieur, nous mourrions rapidement. Nous sommes donc entièrement tributaires des autres, notre survie dépendant intégralement de leur bon vouloir.
Au fur et à mesure que passent les mois, notre autonomie se développe au point qu’à la fin de ce premier âge nous sommes, en quelque sorte, une copie presque conforme de notre environnement. Je ne dis pas : « une copie presque conforme des personnes qui se sont occupées de nous », mais bien « de notre environnement » car ces personnes font partie de cet environnement, tout en étant, au travers de leurs actions, les principaux artisans de cet environnement qui nous enveloppe aussi bien psychiquement que matériellement. Et si notre environnement, notre chambre à coucher par exemple, est très sombre (couleurs foncées, lumières tamisées, etc.), il se pourrait que nous aimions revivre ce genre d’ambiance par la suite. Pareil, si nous sommes baignés de chants religieux, de paroles religieuses, et que nous observons des pratiques religieuses chez ceux qui nous entourent, nous serons imprégnés de ces choses, sans avoir notre mot à dire. Pendant ce premier âge, tout ce que nous observerons constituera notre personnalité et ce que nous considérerons ultérieurement comme la norme.
2. Enfance
L’enfance est la période durant laquelle notre ouverture au monde augmente surtout via nos interactions verbales avec les autres. Bien sûr cette interaction avait déjà commencé depuis nos premiers mots, mais c’est davantage durant cet âge que nos capacités de réflexion vont commencer à s’affirmer. « [À partir de 2 ans] Développement du langage, de la mémoire et de l’imagination. L’intelligence est à la fois égocentrique et intuitive. [À partir de 7 ans] Manipulation plus logique et méthodique des symboles. Moins égocentrique et plus conscient du monde extérieur et des événements. » (Cf. les étapes de Piaget.)
Durant cet âge, l’influence de l’environnement reste totale ou quasi-totale. Il est relativement rare — par le passé, j’aurais écris « il est rare », sans ajouter « relativement » —, que les enfants cherchent à se soustraire à l’autorité des adultes, mais les temps changent et de plus en plus d’enfants pré-adolescents et même d’enfants encore plus jeunes se montrent récalcitrants, voire effrontés.
Les endoctrinements de toutes natures restent à l’œuvre. Nous pourrions parler de formatages plutôt que d’endoctrinements. Ces deux mots se valent dans le cadre de cet article et, par ailleurs, ne revêtent pas un caractère nécessairement péjoratif.
La notion de mort s’acquiert durant l’enfance.
3. Adolescence
Nous le savons tous, c’est l’âge de la rébellion, l’âge où nous rentrons facilement en conflit avec l’autorité, d’où qu’elle vienne et quelqu’en soit le domaine (milieu familial, école, police, etc.), l’âge où il nous faut impérieusement nous détacher de nos parents, l’âge où nous sommes à cheval entre le monde des enfants et le monde des adultes, l’âge où nous voudrions continuer de vivre dans l’insouciance du monde des enfants tout en disposant de notre vie comme bon nous semble, sans règles sinon celles qui nous conviennent. C’est l’âge où nous voudrions le beurre et l’argent du beurre…
C’est aussi l’âge des prises de risques inconsidérés (surtout chez les garçons), l’âge où nous nous recentrons sur nous-mêmes au point pour certains d’entre nous de ne plus voir que notre nombril. C’est encore l’âge où les amis comptent plus que tout, avec qui nous passons d’interminables moments à ne parler que de nous, et où la seule chose qui compte en définitive est l’illusion du bonheur — un bonheur qui se dérobe à nous le plus souvent, ce qui nous plonge dans une sorte de déprime, de mal-être, d’insatisfaction persistante… (Ce qui pousse d’ailleurs de plus en plus d’adolescents à se suicider.)
La mort rôde beaucoup autour des adolescents. Elle se retrouve dans les pratiques extrêmes, la musique, parfois les codes vestimentaires, les tatouages, etc.
Cet âge à tendance à ignorer le bien-fondé d’une bonne hygiène de vie et reste sourde à tous les conseils qu’on lui donne pour son bien. « Mêlez-vous de vos fesses ! », « Circulez, y a rien à voir ! » sont souvent les leitmotivs des adolescents.
« [De l’adolescence à l’âge adulte] Utilisation de symboles pour se référer à des concepts abstraits. Capable de faire des hypothèses et de saisir des concepts et des relations abstraits. » (Cf. les étapes de Piaget.)
4. Postadolescence
C’est l’âge où nous faisons partie du monde des adultes pour de bon. Je ne veux pas dire par là que nous sommes devenus adultes, mais nous sommes considérés par nos aînés –- parfois avec une certaine réserve, certes -– comme leurs pairs. Les tourments propres à l’adolescence, ses difficultés d’être et de ne pas trouver sa place dans le monde ont disparues, ou se sont atténuées grandement. Nous avons fait le deuil de notre enfance au sens large. Et nous savons que nous ne retournerons pas en arrière…
C’est l’âge des grandes décisions de notre vie, du choix de son orientation professionnelle définitive. Il se peut pour certains que ce choix ait été fixé avant, mais rappelons que nous généralisons ici les faits pour les faire correspondre chacun à un des huit âges de la vie. Il n’est donc pas question de nier nos différences et nos expériences qui, il est vrai, divergent parfois de beaucoup, mais bien d’opérer une classification cohérente dans laquelle une majorité d’entre nous pourra se retrouver.
C’est l’âge où la mort s’est éloignée de nous, comme si elle n’existait plus. Elle ne nous importune plus, nous n’y pensons plus. Notre vie est devant nous, pleine de promesses… Il est temps pour nous de prendre véritablement notre place dans le monde ou d’y “faire notre place”. C’est l’heure des projets.
Mais c’est encore largement le temps de l’insouciance revenue, troublée qu’elle était pendant l’adolescence. Nous pourrions encore dire de la postadolescence qu’elle est illustrée à sa manière par la chanson Le Temps des cerises, qu’elle est une sorte de mélange d’insouciance et d’engagements. « Les cerises évoquent différentes choses. D’une part, elles rappellent, par leur couleur, le sang et le drapeau rouge, liés entre autres à la Commune, ce qui fait que la chanson demeure associée à l’idée de liberté, de solidarité, et de résistance face à l’oppression. D’autre part, les cerises renvoient au sucre et à l’été, et donc à un contexte joyeux voire festif. Ainsi la chanson véhicule une certaine nostalgie et une certaine idée de gaieté populaire. » (Le Parisien)
C’est l’âge de l’ouverture au monde. Pendant l’adolescence, nous nous étions repliés sur nous-mêmes, pendant la postadolescence, nous avons tendance à renverser la vapeur. Les adultes ne sont plus perçus comme des empêcheurs de tourner en rond mais plutôt comme de possibles alliés. Tous les “vieux” ne sont plus considérés comme des beaufs. Nous réalisons peu à peu que nous allons vraiment être des leurs, que nous ne sommes pas fort différents d’eux en fin de compte. Nous préférerions rester dans notre bulle aux illusions, mais une lucidité sous-jacente nous contraint de nous rendre à l’évidence que le compte à rebours à commencer pour nous aussi.
5. Maturité ou âge adulte jeune
C’est l’âge où nous sommes installés dans la vie professionnelle et où nous avons trouver, pour une majorité d’entre nous, notre partenaire de vie (formons un couple). C’est aussi l’âge de la procréation. De la recherche d’un logement pour notre famille qui s’agrandit, et de projets qui nous accaparent.
Notre énergie est abondante et semble jaillir d’une source qui ne se tarira jamais… Nous sommes encore dans l’illusion du bonheur, mais pour combien de temps encore ?
C’est l’âge où nous sommes à cheval sur la jeunesse et le déclin. L’âge où nous sommes de vrais adultes –- du moins attend-on de nous que nous en soyons -– avec son cortège de responsabilités et autres obligations (morales, familiales, professionnelles, religieuses, etc.), et nous n’avons plus droit à l’erreur !
L’idée de la mort nous importune rarement durant cet âge ! Toutefois, nous sommes nombreux à être rattrapés par une certaine lucidité à propos de la vie en général et du futur en particulier. Vers la fin de cet âge, un certain pessimisme commence à s’immiscer chez la plupart d’entre nous.
6. Début de vieillesse ou âge adulte mi-vieux
C’est l’âge de l’expérience qui s’assoit, parfois de la routine. De proche en proche, un certain abandon des projets et des ambitions s’opère.
C’est surtout vers la fin de cet âge qu’apparaît plus marquée notre résignation à n’avoir atteint tous les buts que nous nous étions fixés dans la vie, oui, vers la fin de cet âge que commence à poindre notre renonciation.
Cependant, il nous reste encore une certaine énergie qui nous pousse parfois à entamer divers projets, parfois de front, car nous réalisons combien notre vie a passé vite et combien le temps nous est compté…
7. Vieillesse
Au début de cet âge, il devient difficile de cacher notre décrépitude. Seules restent l’acceptation et la résignation. Il devient de moins en moins facile de donner le change.
Généralement, c’est l’âge qui ne voit pas fleurir de grands projets. Un hobby par-ci, une occupation par-là, mais guère plus ! L’exception qui confirmera cette règle se manifestera par l’engagement de certains à se livrer corps et âme à une passion, un engagement captivant.
C’est l’âge des mises en ordre et autres mises au point. On ne nous la fait plus ! Nous compensons dans la première moitié de cet âge la perte progressive toujours plus marquée de notre énergie par une plus grande assurance.
Nous prenons de plus en plus conscience de l’approche du grand trou ! Nous nous autorisons de plus en plus de “petites folies” : « Après nous les mouches ! »
Nous plongeons volontiers dans nos souvenirs. Nous nous les évoquons à nous-mêmes et les communiquons aux autres comme une ritournelle…
C’est l’âge où les ennuis de santé s’accentuent, prennent littéralement possession de notre corps ! Ne dit-on pas souvent des vieux qu’ils ont un pied dans la tombe ?
Au cours de cet âge, nous nous habituons à l’idée de mourir, et nous considérons la mort comme une pièce importante du puzzle désormais.
8. Sénescence rendant tributaire
C’est l’âge où notre volonté perd bien souvent toute sa portée, l’âge où nous ne nous appartenons plus si j’ose dire –- si tant est que nous nous soyons jamais appartenus… C’est en tout cas l’âge du lâcher-prise. Déjà du temps de notre vieillesse commençait à poindre ce lâcher-prise, mais pour l’heure, ce lâcher-prise est plus prégnant, plus évident. À présent, ce n’est plus un choix mais une conséquence ; nous n’avons plus de forces, plus de courage, de moins en moins d’envies… et flotte dans notre tête une vague déception de générique de fin !
Ce dernier âge peut se conclure en un mot : « Déjà !? »
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Si nous avons tenu à brosser ces huit âges de la vie humaine correspondant à l’évolution de la naissance à la mort, c’est parce qu’à peu près tous les hommes sont passés ou passeront par tous ces stades. Pas forcément avec les mêmes aspirations, bien sûr, ni avec les mêmes buts et la même volonté, mais une grande majorité des hommes connaissent grosso-modo ces stades successifs. En d’autres mots, nous pouvons en conclure que tous les hommes sont uniques de par leur individualité et identiques à la fois en tant que constituants de l’humanité qui est une et indivisible car il nous faut la considérer comme un être collectif, ce qui peut se résumer par cette phrase : les hommes sont tous différents et tellement tous les mêmes.
Partant de ce constat –- et d’autres considérations d’ordres religieux et philosophiques sur lesquels nous nous expliquerons -–, nous avons décidé de considérer l’humanité comme une entité indivisible, un être collectif. Un peu comme si chaque homme était une cellule de cet être unique. Il est de première importance selon nous de voir l’humanité comme une et indivisible ; c’est tout le propos de notre démarche !
Cette métaphore sied d’autant plus à notre démarche que si nous comparons chaque homme à une cellule de ce corps qu’est l’humanité, nous comprenons que chaque homme lui est d’une égale nécessité. Que lorsqu’une cellule vient à se comporter anormalement, c’est tout le corps qui en souffre ; un cancer n’atteint pas un stade critique dès sa survenue ; c’est la prolifération de cellules cancéreuses qui y aboutira, mettant en péril le corps tout entier.
Mais la métaphore s’arrête là en ce qui concerne notre démarche. En effet, il n’est pas question pour nous d’assimiler les humains à de “simples” cellules qui se régénèrent au fil du temps un certain nombre de fois et dont les cycles de renouvèlement –- nous parlons du processus de la division cellulaire nécessaire à tout organisme -– finissent toujours par s’épuiser en raison du raccourcissement de la séquence des télomères, provoquant le décès physiologique des humains. Et si nous l’arrêtons là, cette métaphore, c’est parce que nous ne parvenons pas à nous résoudre à accepter la mort comme normale, naturelle et inexorable, et que nous sommes convaincus d’autre part qu’une très large majorité d’humains préféreraient comme nous ne pas mourir si la possibilité leur en était offerte.
Nous aimerions nous arrêter un instant pour fixer notre attention sur le fait que, quand on demande à la plupart des gens s’ils aimeraient ne jamais mourir, nous remarquons comme une surprise dans leur regard, une interrogation qui s’esquisse sur leur visage, qui semble dire : « Mais avec quoi vient-il celui-là ? » Alors nous insistons pour obtenir leur réponse et cette réponse ressemble bien souvent à celle-ci : « Si c’était possible, évidemment que j’aimerais ne jamais mourir ! », laissant clairement entendre qu’ils ne croient pas du tout que ce soit possible ! Et ils enchaînent presque toujours avec le problème du vieillissement comme d’un argument prouvant l’impossibilité de cette proposition. À quoi nous répondons que, bien sûr, la disparition du processus de vieillissement des corps ferait partie de cette proposition, qu’elle est d’ailleurs indispensable à sa concrétisation, oui, qu’il s’agit en fait de l’avers de la même pièce, car il faut d’abord ne plus vieillir pour ensuite ne plus mourir. Alors nous tombons d’accord : vivre éternellement dans un corps jeune, à la santé et la conformation parfaites, « serait génial », « merveilleux », « super », « formidable », etc. (Nous n’aborderons pas ici les considérations subsidiaires qui, immanquablement, s’invitent dans ce genre de discussion.)
Donc, le plus souvent –- si nous voulions nous risquer à livrer une estimation, nous avancerions une proportion d’au moins 95% d’entre les humains -–, nous préférerions continuer de vivre dans un corps parfait, plutôt que de souffrir dans un corps qui se dégénère et nous mène à la tombe. Et ne nous y trompons pas : ce n’est pas la mort à proprement parler que nous redoutons, comme le pensait à tort Épicure, non, c’est de perdre le contrôle de notre vie qui nous fait horreur, de ne plus faire partie de l’être collectif qu’est l’humanité, vivante, grandissante, émerveillante, infinie…
La lettre qu’envoie Épicure à Ménécée est digne du plus grand intérêt, certes, mais Épicure se trompe quand il pense que les hommes ont peur de la mort en tant que telle et que cette peur altère la qualité de leur existence. Nous notons d’autre part qu’Épicure n’aborde pas les vraies raisons d’avoir peur, relativement à la mort, qui sont celles que nous venons d’exposer, à savoir : la décrépitude (et son cortège de souffrances morales et physiques) et, non pas la mort qui est l’absence de toutes choses, mais bien plutôt la perte de ces choses qui nous faisaient appartenir au domaine du vivant, oui, de ne plus être un constituant de cet être collectif qu’est l’humanité.
Voici un extrait de cette lettre remarquable d’Épicure : « Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute [sensation ou] sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que [dans la mort, c’est-à-dire] hors de la vie il n’y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre, non pas parce qu’elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu’il est douloureux de l’attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence. » Nous voyons qu’Épicure se limite au caractère immédiat de son observation. Ainsi, parce qu’il se borne à la vie temporaire qu’il semble considérer comme normale dans sa finitude, son raisonnement est logique et inattaquable : inutile de craindre la mort à venir et d’en affecter notre vie présente dès lors que la mort ne procure aucune sensation –- la mort étant selon lui, par définition, le manque absolu de toutes les sensations possibles. Mais il fait fi de notre désir le plus ardent, gravé en nous dès notre conception, ou nous demande de l’arracher de nous comme on extirperait une mauvaise herbe qui, nous le savons, repousse toujours… Et ce désir ardent et insondable, consubstantiel à ce que nous sommes au plus profond de nous, c’est de rester en vie pour toujours et à jamais…
Ce n’est donc pas la peur de la mort qui nous rendrait incapables de jouir de la vie –- ou, plutôt, nous y rendrait moins aptes -–, mais bien que cette vie soit mortelle. Tous les hommes réalisent au cours de cette vie mortelle qu’ils ne souffraient pas avant de naître, et nul d’entre eux n’est susceptible d’avoir à redouter de retourner à cet état d’inconscience totale. C’est donc bien la vie que nous craignons de perdre et non la mort que nous craignons de trouver !
Épicure fait l’impasse sur notre besoin viscéral d’une vie sans fin sans laquelle notre existence tout entière se trouve délégitimée d’une certaine façon, injustifiée, vaine, et toutes nos entreprises, inutiles et futiles, y comprises les plus louables à partir du moment où nos laudateurs – nos pairs, membres du corps collectif de l’humanité – sont promis au même sort.
Attendu qu’une très large majorité d’entre nous préférerait ne pas perdre la vie, revient cette éternelle question : est-il possible de mériter la vie dans l’imperfection ? Car s’il est possible de la mériter, tous autant que nous sommes – à quelques exceptions près, dont nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’il s’agit de postures – serions déterminés à faire le nécessaire pour la mériter, sans jamais y parvenir toutefois. Et nous le prouvons d’ores et déjà du reste en nous conformant aux multiples nécessités qui s’imposent physiologiquement à nous. En effet, globalement, il ne vient à l’idée de personne de ne pas dormir, de ne pas boire, de ne pas manger, de braver l’apesanteur ou de s’injecter des poisons mortels ! Je ne dis pas que certains ne taquinent pas les limites de l’existence, mais je dis qu’il s’agit d’une minorité pathologique qu’il faut voir comme une partie malade de l’être collectif qu’est l’humanité.
Nous voyons bien que les hommes, dans leur ensemble, se plient, bon gré malgré, aux exigences induites par l’existence. Mais il ne s’agit pas là, véritablement, d’un choix librement consenti, mais bien d’une obligation à laquelle les hommes se livrent à peu près tous de bonne grâce. Moyennant quoi, ils se maintiennent en vie, ce qui leur procure bien souvent diverses jouissances. Ok ! Mais cela ne répond pas à cette question fondamentale, majeure, essentielle, et inévitable : est-il, décidément, possible de mériter la vie ? Nombreuses seront les personnes qui répondront par l’affirmative, quand nous nous inscrirons en faux par rapport à cette affirmation.
Et pourquoi démentons-nous qu’il soit possible, dans l’imperfection, de mériter de vivre éternellement ? Oui, pourquoi pensons-nous qu’il soit inconcevable, dans l’imperfection, que notre espérance de vivre éternellement puisse procéder de nos mérites ? Alors que, le plus souvent, pour ceux qui le croient possible, les hommes mettent en parallèle leur espérance de vivre sans fin avec une certaine conduite qu’il leur faudrait impérativement adopter, nous prétendons, nous, que cette espérance demeurera toujours un don immérité et imméritable, hormis une fois leur perfection recouvrée. Et pour étayer notre raisonnement, nous repartons du début : avant d’être créé, le premier couple d’humains ayant permis à tous les humains de naître ne pouvait mériter quoi que ce soit. Il est en effet impossible, dans l’inexistence, de mériter quoi que ce soit et a fortiori la vie. C’est donc par pure bonté qu’une Force créatrice a décidé d’offrir la vie aux humains. Cette bonté émanante est immuable. L’immuabilité est la définition même de cette Force. Elle en est le nom. Ce n’est qu’après avoir reçu ce merveilleux don inconditionnel de la vie que l’homme — et là nous ne parlons que du premier couple d’humains —, devenu une âme vivante, a reçu la promesse conditionnelle de conserver à jamais ce don.
De nombreux passages du Nouveau Testament affirment que seul le sacrifice propitiatoire de Jésus-Christ permet aux humains d’espérer qu’ils conserveront leur vie – quitte à mourir de la mort adamique pour être ressuscités ensuite –, ce qui va dans notre sens. Mais d’autres passages encouragent les croyants à faire tout ce qu’ils peuvent pour être sauver, comme si leur espérance dépendait finalement de leur conduite et, donc, de leurs propres mérites, ce qui invalide, d’une certaine manière, sinon entièrement le sacrifice du Christ, au moins en partie. Cette ambivalence qui confine à de l’ambiguïté doit être purgée une bonne fois pour toute !
Nous tenons que l’Immuable a offert la vie aux humains et que cette vie, quoique déviée de ses objectifs initiaux, leur est acquise, car ce que l’Immuable donne il ne le reprend pas. Seuls les méchants font cela : reprendre ce qu’ils ont donné. C’est ainsi que tous les hommes, c’est-à-dire une très très très large majorité d’entre eux, veulent vivre, mais sans devoir le mériter car tous savent, au plus profond d’eux – confusément pour certains, mais avec une grande acuité pour d’autres –, qu’ils seront toujours incapables, dans l’imperfection, de mériter l’extraordinaire don de la vie, et que mettre le doigt dans l’engrenage de ce chantage à la vie serait se rendre esclave du mérite.
Mais si nous ne pouvons mériter la vie, pouvons-nous refuser celle-ci ? Ou, et ce n’est pas la même question, pouvons-nous en démériter ? À ces deux questions, il semblerait qu’il nous faille répondre par oui. En effet, par le péché irrémissible, nous pourrions démériter de notre droit à conserver la vie que la Source nous a offerte. Quant à refuser la vie, il sera toujours possible de le faire par le suicide direct ou indirect. Mais, là encore, nous devons admettre que celles et ceux qui opteraient pour ce choix pour le moins interpellant seront une minorité dont nous pourrions nous dire en toute logique qu’elle serait mentalement déficiente.
Donc, s’efforcer de pratiquer le bien et s’efforcer de s’éloigner du mal nous aidera à nous protéger du risque de démériter de notre droit à garder la vie que la Source nous a inconditionnellement offerte. Et c’est, sans aucun doute, ainsi qu’il faut comprendre les passages bibliques qui nous incitent aux bonnes œuvres. Mais cela ne sera en aucun cas l’assurance de notre salut ! Seule la volonté initiale de l’Immuable nous assure de pouvoir continuer de vivre.
Se pose une autre question : quelle raison aurions-nous de refuser le don parfait de l’existence parfaite ? Si nous ne savions pas que certains ont pris ce chemin du refus, nous aurions beaucoup de mal à croire qu’il soit possible de ne pas vouloir du don parfait de l’existence parfaite. Car, en effet, quelle grande folie que de ne pas vouloir de la vie intégrale ! Oui, quelle immense égarement que de s’aliéner notre Force créatrice. Quand nous parlons d’aliéner l’Immuable à nous, nous entendons de rendre moralement étranger à nous notre Source, de s’en détacher, de s’en détourner, de susciter son hostilité. Et c’est pourquoi nous qualifions de folie cette rupture d’avec la Force qui nous a créés. Pourtant, c’est ce qu’ont fait Satan et ses suppôts, créant une schizophrénie au sein de l’être collectif qu’est l’humanité – humanité prise en otage d’un conflit qu’elle n’a pas décidé d’avoir avec son Origine, qui lui est donc imposé depuis toujours, et dont elle souffre au travers d’innombrables dommages collatéraux par définition injustes. Et c’est bien là tout le problème : l’injustice d’avoir à subir la déchéance et la mort pour une faute qui ne nous est pas imputable et dont nous sommes au contraire les victimes.
Donc, une fois encore, ne nous y trompons pas : ce n’est pas l’idée d’une vie sans fin que rejettent les hommes mais plutôt l’idée d’avoir à mériter cette vie sans fin. Ou l’idée d’avoir à la perdre sous le prétexte qu’ils ont à subir une sentence pour une faute qu’ils n’ont pas commise délibérément mais héritée par le sang. C’est donc le sentiment d’injustice provoqué par une situation qu’ils n’ont pas d’autre choix que de subir qui pousse les hommes à rejeter l’idée même que Dieu existe.
D’autre part, nous ne pouvons ignorer que les hommes agissent en fonction du peu de temps qu’ils pensent leur être imparti. C’est ainsi qu’ils prennent parfois – pour ne pas dire toujours – des orientations critiquables et posent des actes qu’ils n’auraient jamais posés s’ils n’avaient été mortels. Et là aussi nous abordons un point crucial : les hommes sont souvent, sinon mauvais, moins bons qu’ils ne l’eussent été s’ils avaient été immortels. Car il nous apparaît indéniable que si les hommes avaient à répondre de tous leurs actes — du plus grand jusqu’au plus petit, une fois acquise leur conscience —, ils y regarderaient à deux fois avant de les poser. Mais c’est l’inverse qui se produit : tous leurs péchés leur sont pardonnés une fois morts.
Il n’est évidemment pas mal d’essayer de faire le bien, de tendre vers la lumière. Nul ne nous fera dire qu’il ne faut pas s’y efforcer en fuyant autant que possible tout ce qui pourrait nous amener à salir notre conscience… De plus, il est indispensable – nous l’affirmons avec Christ – d’aimer notre prochain, c’est-à-dire de nous conditionner en permanence afin de nous ouvrir aux autres et de nous rendre disponibles pour aux autres, plutôt que de les ignorer, car ignorer autrui participe du monde méchant qui doit disparaître. Mais que personne ne s’imagine pouvoir gagner un droit à la vie éternelle par ses actes. La vie éternelle n’a pas de prix et c’est ce qui la rend d’autant plus enviable. S’il fallait mériter ce qu’il est impossible d’acheter, nous serions dans une impasse. Le vrai bonheur serait alors inaccessible, chimérique même.
Les dirigeants des religions se sont toujours complus à mettre des fardeaux sur les épaules de leurs ouailles, n’ont cessé de verser dans des principes de pénitences, et ont imposé leurs modes de pensée, leurs visions des choses, leurs interprétations des livres saints. Certains ont imposés des codes vestimentaires à leurs adeptes, leur ont interdit le port de la barbe ou leur ont enjoint au contraire de la laisser pousser, d’autres encore se sont mêler de leurs relations intimes, etc. En ce qui nous concerne, nous voyons ces prises de contrôle des consciences et ces prises de pouvoir sur autrui comme autant de participations au monde qui est sur le point de passer, oui, comme autant d’allégeances aux ténèbres. La culpabilisation est un outil idéal pour ces dirigeants qui se présentent comme des agneaux. Par cette culpabilisation, ces dirigeants cherchent à faire porter une part de responsabilité dans la situation lamentable du monde à tous les humains. Et si nous n’y prenons garde, ce raisonnement selon lequel nous aurions tous notre part de responsabilité dans l’état critique du monde nous convaincra facilement, mais quand nous nous penchons sur ce raisonnement, nous parvenons à en dévoiler la fausseté.
Car qu’y a-t-il de plus faux, à y regarder de plus près, que ce raisonnement qui nous mène vers le principe de responsabilité collective ? Ne voyons-nous pas qu’au travers d’un tel principe ce sont les responsabilités individuelles qui sont intentionnellement diluées ? Ne voyons-nous pas que l’objectif qui se cache à peine derrière ce principe globalisant est de déresponsabiliser les responsables, voire les coupables ? Nous avons consacré un article entier à cette question que nous comptons parmi les plus importantes.
Avant de conclure, nous voulons constater le caractère irrationnel de notre désir de vivre éternellement. Non que nous ayons tort de ne pas vouloir mourir, mais plutôt que nous ne savons pas si nous avons raison de vouloir vivre toujours ! L’irrationalité de ce désir est évidente quand nous réalisons que nous ne connaîtrons jamais la vie éternelle car il est irréfutablement impossible de connaître quelque chose qui n’a pas de fin. En fait, la raison plaiderait davantage en faveur de la mort qui nous est connue, à savoir qu’elle n’est rien, au sens où l’entend Épicure, et n’a donc pas à être redoutée, qu’elle ne plaide en faveur de la vie qui, dans une perspective indéfinie, nous réserve potentiellement de très mauvaises surprises… Néanmoins, tous, nous préférerions continuer de vivre, sans jamais devoir mourir ! Encore nous faut-il préciser que ce désir de vivre éternellement est bien évidemment assorti de la condition sine qua non qu’il s’agisse de vivre parfaitement heureux dans la connaissance du saint secret du bonheur.
En quelques points, voici notre conclusion relative à la finitude humaine :
Tous, nous voulons être heureux (nous ne l’avons que peu dit explicitement dans cet article car cela va sans dire)
Le bonheur est donc le but de notre existence
Le bonheur est impossible dans l’inexistence
C’est pourquoi l’immense majorité d’entre nous veut vivre
Nous acceptons notre finitude parce que nous y sommes contraints, tout comme, d’ailleurs, nous acceptons de vivre sans en avoir le choix
Dans l’imperfection, il est impossible de mériter de vivre
Il faut se méfier du carcan de la culpabilité collective et fuir l’esclavage du mérite car cet esclavage éloignera toujours de nous la paix de l’esprit
Nous vivons par la volonté et la bonté d’une Source qui a décidé de nous offrir la vie et qui a implanté en nous le désir qu’elle ne cesse jamais
Si le but de la vie n’était pas le bonheur, notre article ne présenterait aucun intérêt
Nous voulons continuer de croire que le véritable bonheur nous sera un jour accessible
Nous voulons continuer de croire que la quête du vrai bonheur demeure fondée
Nous voulons fermement continuer de croire en une réconciliation de tous les constituants de l’être collectif qu’est l’humanité et que vivre éternellement rendra possible l’avènement de cette réconciliation
Cette réconciliation teintée d’amour et de respect, d’intérêt sincère les uns pour les autres, permettra d’affermir nos relations primordiales avec la Force créatrice dont nous provenons
Ces relations primordiales avec la Force créatrice sont les prémices de cette harmonie universelle
Comme nous l’observions avant l’évocation des quelques points de notre conclusion, notre désir de vivre sans jamais devoir mourir s’écarte de la raison puisqu’il se base sur l’insondable infini. Il s’en écarte même fortement à vrai dire – et nous devons nous concentrer sur cette irréfutable pensée – car il est absolument impossible de connaître quelque chose qui n’a pas de fin. En fait, ce que nous voulons, c’est ne pas mourir ! Pour le reste, nous sommes incapables de savoir exactement de quoi l’on parle. En affirmant que l’immense majorité d’entre nous préférerait ne pas mourir, nous ne contredisons pas ce que nous avons préalablement affirmé, à savoir que c’est la vie que nous craignons de perdre et non la mort que nous craignons de trouver ! Nous pouvons en effet ne pas craindre la mort en tant que ce qu’elle est, c’est-à-dire l’inverse de la vie, et craindre en revanche de mourir, c’est-à-dire perdre la vie. Il n’y a donc aucune contradiction dans ce que nous affirmons.
Dans un autre article, nous aborderons le côté paradoxal (mais pas contradictoire) de cette peur viscérale que presque tous nous éprouvons face à la mort, et nous réfléchirons à l’irrationalité de notre désir de continuer de vivre sans jamais devoir mourir. Vous aurez remarqué que nous avons remplacé cette fois “vie éternelle” par la périphrase “continuer de vivre sans jamais devoir mourir”.
Dans notre état de pécheur – état hérité par le sang –, le mérite ne peut point être érigé en rempart contre la mort. Seule la volonté de notre Origine sera notre forteresse. Son don de la vie, par nature immérité, s’accompagne de facto de la promesse de nous la conserver en toutes harmonieuses circonstances, assouvissant ainsi le désir de continuer de vivre qu’elle a elle-même implanté en nous depuis la nuit des temps. Cette Origine ne change pas ; cette Origine ne peut changer, sauf à imaginer qu’elle soit imparfaite.
Postscriptum : un mot d’explication sur les diverses appellations dont nous nous sommes servis pour désigner le Dieu Tout-Puissant de la Bible, celui figuré par le tétragramme constitué d’un ensemble de quatre consonnes hébraïques formant ce nom divin (nom ineffable). Nous nous sommes servi des vocables « Origine », « Source », « Force créatrice » et « Immuable » à dessein de répondre à l’air du temps qui professe la féminisation de tout. Pourquoi ne pas céder à cette tendance parfois quelque peu ridicule qui, en l’occurence, ne l’est pas ? En effet, le vocable « Dieu » est masculin, or nul ne sait si la Force créatrice qui est à la base de l’univers a un sexe ! Il paraît même, à vrai dire, insensé de supposer que cette Intelligence supérieure en ait un !
[1] Dans cet article, le premier âge correspond aux stades du nouveau-né, puis du nourrisson, suivi de la petite enfance.