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Quel est mon but ?
vendredi 3 novembre 2023, par
Un ami avec qui j’avais de fréquents échanges à propos de la Bible m’a demandé un jour quel était mon but en définitive. (Je précise que mes positions étaient souvent différentes des siennes et parfois très éloignées des sentiers battus. J’avais compris qu’il me demandait, dans le fond, pourquoi je cherchais d’autres explications que celles généralement admises.) Sur le moment, j’avais été quelque peu surpris, mais j’avais pris très au sérieux sa demande et m’étais rapidement mis à lui répondre par écrit. Voici en quels termes :
Tu m’as récemment demandé « Quel est ton but ? ». C’est une excellente question, qu’il faut se poser à propos de tout, tout le temps ! C’est indispensable si l’on veut progresser, se connaître — ce qui n’est pas facile mais primordial —, connaître autrui — ce qui est encore moins facile mais tout aussi important — (Matthieu 22:39), progresser, progresser et progresser encore, toujours vers la lumière (Matthieu 22:37).
Ceux qui ne s’intéressent pas à leur devenir ne doivent pas s’attendre à trouver des réponses aux questions qu’ils ne se posent guère, sinon accidentellement, aux détours de hasards, sans maîtrise aucune… Je ne suis pas de ceux-là ! Je veux des réponses, et des réponses sûres ! Je m’intéresse à mon devenir. Et m’intéresse aussi aux devenirs de tous ceux qui comme moi sont prisonniers de la vie. J’y reviendrai.
J’ai réalisé que quelque chose clochait dans la démarche de la plupart des croyants. Et si je dis « quelque chose » comme s’il s’agissait d’une seule chose, c’est pour ne pas énumérer maintenant les points qui provoquent des questions.
Je vais cependant déjà évoquer tout de suite certains de ces points : l’exploitation de la culpabilité des pécheurs, la culpabilisation des humains (ce qui est différent), ne pas dissocier les péchés des pécheurs — ce que j’appelle l’indissociation —, ce qui revient à blâmer, voire à condamner, des victimes. Car, oui, les pécheurs sont des victimes ! En effet, tous les hommes sont nés pécheurs du fait que tous descendent du premier couple qui a péché, sauf Jésus-Christ. De sorte qu’en naissant, chaque humain porte en lui la mort sans aucunement l’avoir méritée de manière directe, c’est-à-dire sans avoir fait quoi que ce soit qui justifie cette déchéance qui se chargera d’abord de le rendre malade et de le faire vieillir pour lui donner ensuite le coup de grâce, au moment de son trépas, quelqu’aient pu être ses agissements durant sa vie. Les humains sont donc les victimes d’actes qu’ils n’ont pas commis — il est question ici de la mort adamique —, ce qui est éminemment injuste et en contradiction avec Ézéchiel 18:20. Mais grâce au seul homme qui n’a jamais péché et qui s’est offert en sacrifice propitiatoire pour tous les enfants d’Adam, l’humanité toute entière a été rachetée et l’injustice compensée. Pour cette raison, Jésus-Christ est devenu notre père à la place d’Adam, notre père déchu (1 Corinthiens 15:45).
Donc, sans le moindre doute, tous les humains sont dès leur engendrement des victimes qui, par définition, n’ont pas à en être blâmées. Oui, tous les humains sont en quelque sorte des victimes avant même de naître ! À ce titre, en dehors du premier couple, tous les humains sont, sans différentiation, les premières victimes. De telles victimes doivent être plaintes. De telles victimes doivent être pansées. De telles victimes ne doivent sûrement pas être condamnées pour le tort considérable qu’elles ont à subir : celui d’être nées imparfaites par la faute d’un seul homme (Romains 5:15).
Mais cela ne s’arrête pas là ! Victimes, les humains le sont trois fois ! Ils le sont par héritage ainsi que nous venons de le voir, ce que je considère comme la victimisation conceptionnelle ou première victimisation, et le sont ensuite tout au long de leur misérable existence, depuis leur premier acte — quel que soit cet acte, bon ou mauvais — jusqu’à leur dernier souffle, ce que je considère comme la deuxième victimisation. Même ceux d’entre eux qui font des actions abominables ou ont des comportements inavouables subissent plus qu’autre chose leur nature pécheresse et en souffre d’ailleurs souvent énormément. En commettant certains péchés contre leur gré, leur état de victime s’en trouve confirmé (Romains 7:15). J’insiste : la nature pécheresse que les humains ont hérité fait d’eux des victimes ! Des victimes qui font d’autres victimes (troisième victimisation), tout en demeurant victimes elles-mêmes (victimisation conceptionnelle ou première victimisation) et en devenant victimes d’elles-mêmes (deuxième victimisation).
Tu me trouveras sans doute compliqué dans mon approche. Il est vrai que nous pourrions faire l’économie de ce développement (ne pas distinguer ces types de victimisation) et se contenter donc d’une seule victimisation, la plus importante : l’imperfection héritée d’Adam (dont découlent les autres).
Au-delà de ce que je viens de dire à propos de l’inné statut de victime dont tous les humains ont hérité du simple fait qu’ils sont la descendance d’Adam, je tiens à ajouter que ces mêmes humains, dans les conditions paradisiaques initialement offertes à leurs géniteurs — conditions théoriquement promises à tout un chacun si le péché n’était pas entré dans le monde —, ces mêmes humains disais-je n’auraient pas commis leurs exactions pour la plupart d’entre eux et j’irai jusqu’à dire pour la grande majorité d’entre eux. On voit bien le lien de cause à effet qui existe entre la première victimisation (la victimisation conceptionnelle) et les deuxième et troisième victimisations.
J’évoquais à l’instant trois sortes de victimisation bien réelles, qu’il ne faut pas confondre avec le principe de “double victimisation” provenant de l’accablement supplémentaire mis sur le dos des victimes auxquelles on cherche à faire porter le chapeau et qui doit être banni de notre façon de considérer l’Humanité ; on ne peut sous aucun prétexte accuser les humains d’être des victimes volontaires ou consentantes. Il faut donc en finir avec le principe de double victimisation ! (Le fait d’attribuer aux victimes la responsabilité de la situation dans laquelle elles se trouvent est un phénomène nommé « double victimisation » ou victim blaming.)
Au nombre des idées fausses entretenues par certaines religions, celle qu’il serait possible, voire nécessaire, de mériter la vie, et ce, parallèlement au sacrifice du Christ et donc en plus du sacrifice du Christ, ce que j’appelle “tuer le Christ une deuxième fois” ou réduire le sacrifice du Christ à un sacrifice incomplet et, dès lors, insuffisant.
Ceci m’amène à aborder une autre notion capitale. En dehors de toute considération de gratitude dont il ne sera pas immédiatement question, jamais l’homme n’aura à mériter la vie ! Dieu a décidé de la lui donner. Avant cette décision divine, l’Homme n’existait pas. Cette inexistence empêchait l’Homme de mériter quoi que ce fût. Ce qui me fait dire que notre Créateur nous doit tout, puisqu’il a décidé de nous amener à la vie ! (Il ne peut en effet nous donner une partie seulement de ce dont il a décidé que nous aurions besoin, non, il doit nous donner tout ce dont il a décidé que nous aurions besoin. Il nous doit donc tout puisque notre volonté n’est intervenue à aucun moment dans le processus de création dont Il est le seul et unique responsable.) Car Dieu nous a créés par amour et non dans l’intention d’obtenir de nous quelque chose en retour. La vie n’est pas quelque chose qui se monnaye ou s’échange, sauf au travers du Sacrifice rédempteur. La vie est un don immérité et imméritable. L’homme ne pourrait du reste jamais rendre la pareille à son Créateur, le “payer en retour” ; l’homme sera donc, d’un certain point de vue, l’éternel débiteur de son Créateur. Mais un débiteur particulier ainsi que je viens de l’évoquer en affirmant que seul son Créancier a des obligations envers lui. Au demeurant, vouloir abolir ce statut de débiteur reviendrait à vouloir se couper de Dieu. En effet, on s’acquitte d’une dette pour ne plus la devoir !
Et la reconnaissance dans tout ça ? Avant de répondre à cette question, posons-nous ces autres questions : Dieu avait-il besoin de nous créer ? La réponse est non. Avions-nous besoin qu’il nous crée ? La réponse est non car répondre le contraire reviendrait à dire que l’inexistant à besoin de quelque chose ! Cependant, les humains auront toutes les raisons d’exprimer leur reconnaissance quand ils n’auront plus l’épée de Damoclès au-dessus de la tête. (Ceux d’entre eux qui le souhaitent peuvent dès à présent avoir une certaine gratitude envers le Créateur ; nul ne pourra leur en faire grief. La gratitude fait partie d’un pan entier de ma visualisation du futur.)
Oui mais voilà, nous sommes là ! Ne devrions-nous pas nous en réjouir et témoigner quelque gratitude ? À cette question multiple, j’apporterai une réponse multiple et commencerai par la plus évidente : oui ! Oui nous devrions nous réjouir qu’un Dieu Créateur nous ait sortis de l’inexistence et oui nous devrions lui témoigner de la gratitude, à la condition sine qua non d’avoir recouvré l’état de perfection dont il nous prive depuis toujours et qui a fait de nous les victimes que nous sommes. L’on comprend bien — si nous nous donnons la peine d’y réfléchir — que ce bonheur d’exister est conditionnel ! Dans les circonstances présentes, et depuis que le monde est monde en fait, c’est la potentialité du bonheur — du bonheur constant —, qui nous donne réellement de quoi nous réjouir par anticipation, et non quelques moments volés à la fadeur de notre condition précaire d’humains sursitaires.
Témoigner une reconnaissance anticipée à Celui qui rendra possible le bonheur éternel de tout un chacun est la démarche de certains croyants. Il s’agit d’une démarche basée sur des promesses et, surtout, sur la foi en ces promesses.
Les humains sont prisonniers de la vie ! J’y reviens.
Pour aborder ce sujet, j’aimerais effleurer une réalité flagrante qui, bizarrement, semble vouloir échapper à de nombreuses personnes. Cette réalité, la voici : en tant qu’êtres doués de raison et de capacités sensorielles, il peut nous arriver de parvenir à apprécier l’existence pour ce quelle nous apporte déjà, et ce, malgré les horreurs du monde… Néanmoins, la vie ne se trouve pas légitimée en ce constat qu’il est possible d’y prendre de temps à autre du plaisir. La raison d’être de la vie est ailleurs ! Il n’empêche que nous sommes en vie et force nous est d’admettre que de très nombreux humains tiennent à leur vie, et cela envers et contre tous les points négatifs que celle-ci comporte, et nonobstant l’imperfection ! Mais il n’est pas à proprement parler question d’un choix de la part de ces humains. Ces humains — dont je fais partie — veulent vivre parce qu’ils ne veulent pas mourir. Pour ma part, je considère ne pas avoir le choix de vivre. Je veux vivre, c’est-à-dire rester en vie, parce que j’y ai pris goût, et parce que mourir impliquerait d’avoir à subir tant de frustrations… En ce sens, je suis prisonnier de la vie !
Si Dieu m’avait mis devant le choix de rester dans l’inexistence ou d’en sortir momentanément pour y être replongé ensuite, j’aurais choisi de rester dans l’inexistence ! En d’autres mots, la vie sans fin (ou infinie) sinon rien ! Partant de là, Dieu a l’obligation de me conserver en vie, sauf à considérer qu’il puisse être cruel.
Bien sûr, il est impossible de proposer un choix à quelqu’un qui n’existe pas ! Cette évidence participe du concept selon lequel Dieu nous doit tout.
Le libre arbitre est selon moi une mystification.
L’anthropomorphisme constitue selon moi un piège.
Que d’échanges en perspective !
Voilà mon but : sortir du chantage à la vie (« si tu (ne) fais ceci ou cela, tu vas mourir »), sortir de cette manipulation intellectuelle, de cette arnaque, le plus énorme des mensonges jamais proférés.
Voici encore mon but : accéder au bonheur, en toutes connaissances et en toute conscience.
Le meilleur est toujours à venir !