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DIEU EXISTE | DIEU N’EXISTE PAS
samedi 3 août 2024, par
Tout est question de terminologie [1] ! Et si l’on peut trouver cette affirmation discutable en certaines circonstances, on ne le peut assurément pas quand il s’agit de questions se rapportant à la conjecturale existence de Dieu. Mais déjà faudrait-il parvenir à définir de “quoi” l’on parle quand on parle de Dieu [2]. La notion de Dieu — de tout ce que ce mot revêt — est en elle-même extrêmement difficile à appréhender. Par exemple, essayer de le faire à la fois à partir du point de vue déiste et du point de vue théiste nous dirigera vers deux approches fondamentalement différentes cependant que, dans ces deux cas précis, nous partirons du principe que “Dieu” est à l’origine du monde.
Taraudés par le doute que nous puissions jamais parvenir à le faire, nous ne nous lancerons pas maintenant dans l’exercice périlleux dont la prétention serait de donner une définition complète et fiable de cette entité ou de ce “quoi”. Cependant, en imaginant qu’il n’ait aucune existence physique — aucune matérialité donc — ni aucune existence spirituelle — aucune immatérialité donc — personne ne pourra prétendre qu’il n’existe pas puisqu’il se trouve dans des milliards de cerveaux [3] bien réels. Dieu a donc une forme de réalité, fut-elle intégralement imaginaire.
Quand d’aucuns affirment que Dieu n’existe pas, nous devons donc comprendre qu’ils sous-entendent que Dieu existe uniquement dans les cerveaux des croyants et nulle part ailleurs.
On pourra se lancer dans un tas de considérations métaphysiques toutes plus incertaines les unes que les autres, il n’en demeura pas moins que la Vérité avec un grand “V” existe bel et bien, quelque part, et qu’elle nous concerne tous — quand bien même certains d’entre nous ne se sentiraient absolument pas concernés… C’est pourquoi nous ne partageons pas l’idée selon laquelle chacun aurait « sa vérité » et que cette vérité aurait autant de valeur que la vérité de son voisin. Nous partageons en revanche l’idée selon laquelle chacun a « ses croyances », vraies ou fausses… Ce que nous voulons dire, c’est que toutes les vérités ne se valent pas ! D’accord, on pourrait trouver que nous ergotons en voulant faire une distinction entre « sa vérité » et « ses croyances » car, effectivement, quand on croit quelque chose, ce quelque chose représente la vérité pour nous. L’on ne croit en effet pas quelque chose ou en quelque chose que l’on sait pertinemment être faux ou ne pas exister, non, l’on ne croit quelque chose ou en quelque chose que si l’on pense que ce quelque chose est vrai [4] [5].
Et c’est là que la terminologie entre en jeu : si l’on distingue clairement les petites vérités de chacun d’avec la Vérité avec un grand “V” qui concerne tout le monde, alors nous pouvons partager l’idée selon laquelle « chacun a sa vérité » [6]. Il s’agit d’ailleurs d’un constat auquel nul ne peut en réalité se soustraire. Pour autant, ce constat ne doit pas être l’alibi de la méprise qui consisterait à confondre les petites vérités individuelles avec la Vérité avec un grand “V”, non, et encore moins celui de les placer sur un pied d’égalité avec elle, car si l’on se place sur le plan de cette vérité supérieure qui nous concerne tous, Dieu ne peut pas à la fois exister vraiment et ne pas exister. En effet, ou les croyants ont tort et les athées raison, ou les athées ont tort et les croyants raison. C’est l’un ou l’autre, pas l’un et l’autre !
Affirmer que Dieu existe ne suffit donc pas à prouver qu’il existe véritablement, c’est-à-dire factuellement et, donc, indéniablement. De même, affirmer qu’il n’existe pas ne suffit pas à prouver le caractère imaginaire de son existence. Pour prouver la réalité de l’existence de Dieu — ou son contraire —, nous ne pouvons pas nous contenter de l’affirmer, non, il nous faut étayer nos arguments, à défaut que Dieu ne se manifeste concrètement. Car, en effet, faute de preuves tangibles, la foi seule [7] n’y suffira guère.
En conclusion, quand elles divergent de la Vérité avec un grand “V”, les vérités individuelles ne prévalent pas sur elle. Les vérités en désaccord avec la Vérité universelle — seule à mériter un “V” majuscule — auront beau plaire aux individus qui les élaborent ou qui se contentent d’y adhérer, elles ne parviendront jamais à surpasser la Vérité. Et s’il est vrai que certaines de ces pseudo-vérités [8] pourront en quelque sorte prendre sa place [9], elles ne la détrôneront pas vraiment ; tout au plus parviendront-elles à l’occulter un temps…
[1] La définition que nous donnons au mot “terminologie” ne correspondant pas strictement à sa définition classique, voici la nôtre : moyens lexicaux déployés dans le but d’être correctement et complètement compris.
[2] S’agissant de Dieu, l’emploi du vocable indéterminé “quoi” peut convenir, nous semble-t-il, sans aucunement manquer de respect à cette entité.
[3] Ou/et des milliards de cœurs
[4] Ou si l’on ressent ce quelque chose au plus profond de soi, ce qui, dans l’absolu, ne prouve pas sa véracité, mais constitue néanmoins une piste intéressante…
[5] Sauf à supposer que l’on se trompe soi-même (par ignorance notamment, c’est-à-dire non intentionnellement), voire que l’on aime à se tromper soi-même (intentionnellement dans ce cas), ce qu’il ne faut peut-être pas tout à fait exclure…
[6] Ou sa variante « à chacun sa vérité »
[7] que d’aucuns confondront avec l’intuition, ou d’autres manières personnelles de voir la vie…
[8] ou vérités que nous pourrions qualifier de subalternes ou accessoires ou mineures ou inférieures (eu égard à la Vérité supérieure qui ne concerne pas qu’un certain nombre d’individus, Vérité supérieure qui concerne au contraire tous les individus sans exception, oui, qui concerne l’univers tout entier)
[9] L’ignorance scientifique pouvant, entre autres, jouer un rôle prépondérant dans ce processus de substitution.