DIEU EST-IL RESPONSABLE DE CE QUI EST ARRIVÉ À L’HUMANITÉ ?

Selon le dictionnaire TLFi, être responsable c’est, entre autres, répondre des actes des personnes dont on a la garde ou la charge.

[Commentaire] Il nous semble raisonnable de penser que la création soit sous la garde et à la charge du Créateur, sauf à imaginer que cette création ait été pensée par le Créateur pour jouir d’une pleine autonomie, ce qui n’est pas le cas. L’interdiction première prouve que l’Humanité n’était pas censée jouir d’une pleine autonomie, au moins initialement.

Dieu est par définition responsable de tout car il n’ignore rien de ce qui peut potentiellement arriver [1].

Si Dieu avait décidé de ne rien créer, aucun malheur ne serait survenu. Satan [2] n’aurait pas existé, et le cortège d’horreurs en tous genres que l’Humanité a été contrainte de subir ne serait jamais arrivé.

Par sa décision de créer toute chose, c’est-à-dire de sortir de l’inexistence toute chose, Dieu est celui par qui tout – le bon comme le mauvais – est arrivé.

La volition de Dieu est la source de toute concrétisation, oui, c’est elle et elle seule qui a rendu possible toute concrétisation, que cela nous plaise ou non.

Notre vision de Dieu est telle que nous le croyons intégralement maître de sa création, ce qui serait impossible si certaines informations lui avaient échappé. Sa maîtrise de la situation doit forcément être totale. Il le faut, sans quoi, comment serions-nous parfaitement assurés de la complète victoire future du bien sur le mal ?

Dieu est-il irresponsable ? Non, Dieu n’est pas irresponsable. Et s’il n’est pas irresponsable, il est forcément responsable.

Dieu est-il inconséquent ? Non, Dieu n’est pas inconséquent. Et s’il n’est pas inconséquent, il est forcément conséquent.

Sont-ce les humains qui sont responsables de Dieu ? Non, ce ne sont pas les humains qui sont responsables de Dieu. Sauf si c’était les humains qui avaient inventé Dieu. Auquel cas, oui, les humains seraient responsables de Dieu.

Il ne faut pas confondre les qualificatifs “responsable” et “coupable”. Est coupable qui a commis volontairement un acte répréhensible. Dieu n’est pas coupable puisqu’il n’a commis aucun acte répréhensible. Est responsable qui répond de quelque chose ou qui garantit quelque chose. Dieu répond de la perfection de sa création et garantit qu’elle recouvrera ses qualités initiales.

Dieu pourrait empêcher toute souffrance – il en a le pouvoir et se servira d’ailleurs de ce pouvoir plus tard –, mais il ne le fait pas encore. Si Dieu n’intervenait jamais pour réparer les injustices qu’il a laissées se produire, il agirait contradictoirement à ses préceptes et serait donc en désaccord avec lui-même et indigne de confiance [3].

Comme Dieu a promis de faire disparaître les malheurs endurés par l’Humanité, nous devons lui faire confiance. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous en remettre à sa justice – cette justice qui verra la concrétisation du remplacement des anciennes choses (mauvaises) par les nouvelles choses (bonnes) [4].

En conclusion, nous pouvons affirmer sans peur de nous tromper que, oui, Dieu est responsable de ce qui est arrivé à l’Humanité. Sans sa promesse de rétablir le paradis, nous pourrions même aller jusqu’à dire qu’il est coupable par le truchement de sa permissivité et de sa passivité
 [5]. Ce n’est que l’espoir de son intervention à venir, que nous nourrissons jour après jour et l’Humanité depuis des millénaires, qui nous le fait voir sous un autre angle – ce qui, en quelque sorte, le réhabilite aux yeux des victimes. Mais si Dieu ne ramenait jamais sa création tout entière à la perfection, celle-ci continuerait de soupirer et l’Humanité serait fondée à le considérer comme coupable de ne pas faire le bien qu’il sait faire (Jacques 4:17). Dieu deviendrait alors le plus grand des pécheurs.
Or, cela ne se peut, Dieu ne pouvant devenir un pécheur ; Dieu ne peut mentir
 [6].

Aussi Dieu n’est-il pas irresponsable. Il ne s’est pas lavé les mains de ce qui arriverait aux humains, quand l’insoumission originelle s’est produite, provoquée par son adversaire, non, il a au contraire pris toutes les dispositions nécessaires au règlement de la situation, en Dieu responsable.